Quelle place pour l’immobilisation rachidienne dans la spondylodiscite infectieuse ? SPONDIMMO – cohorte prospective de 250 patients - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
Dans une précédente étude, nous avons montré que la prévalence des complications neurologiques au cours de la spondylodiscite infectieuse (SPI) était de 40 %. L’immobilisation rachidienne est recommandée pour prévenir la survenue de ces complications, mais avec un faible niveau de preuve dans la littérature. Le but de notre étude était de décrire la pratique de l’immobilisation dans une large cohorte de patients atteints de SPI et d’évaluer l’association entre l’immobilisation et la survenue de complication neurologique.
Patients et méthodes |
Nous avons recruté des patients de façon prospective entre 2016 et 2019, dans 11 centres hospitaliers. Ont été inclus les patients adultes avec SPI confirmée à l’imagerie et avec identification d’un germe, ou avec une bonne réponse à une antibiothérapie en cas de prélèvement stérile. Nous avons recueilli les données cliniques, biologiques, d’imagerie et de traitement à l’admission et durant le suivi à 3 et 6 mois. Nous avons défini une immobilisation rachidienne stricte comme une immobilisation pour corset rigide pour une durée minimale de 6 semaines.
Résultats |
250 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 66,7±15 ans, principalement des hommes (67,2 %, n=168). La durée médiane des symptômes avant le diagnostic était de 25 (0 à 427) jours. Au diagnostic, 25,6 % des patients (n=64) présentaient des signes neurologiques mineurs et 9,2 % (n=23) une atteinte neurologique majeure (déficit moteur, trouble sphinctérien). Au cours du suivi, l’apparition de signes mineurs est survenue chez 9,2 % (n=23) des patients, les complications majeures sont apparues dans 6,8 % (n=17) des cas, la durée médiane de survenue des complications majeures était de 11 (1 à 45) jours. Une immobilisation rachidienne par corset rigide a été prescrite dans 64,8 % (n=162) des cas et pour 44 % (n=110) des patients pour une durée minimale de 6 semaines. En analyse multivariée, les facteurs associés à la prescription d’une immobilisation stricte étaient : le centre (p=0,035), le jeune âge (p=0,005), la compression du sac dural (p=0,005) et les signes neurologiques majeurs au diagnostic (p=0,036). Il n’y avait pas de différence significative dans l’apparition secondaire des complications neurologiques mineures entre les patients immobilisés strictement et les autres (respectivement 10,9 % (n=12) et 5,9 % (n=7), log Rank=0,315), de même pour les complications neurologiques majeures (4,5 % (n=5) dans le groupe immobilisation stricte et 6,7 % (n=8) chez les autres patients, log Rank=0,913). La durée de l’immobilisation prescrite n’était pas associée à l’apparition de complications neurologiques. Chez les patients n’ayant pas reçu d’immobilisation rigide, l’effacement de l’espace sous arachnoïdien était significativement associé à l’apparition de complication neurologique majeure en analyse multivariée (p=0,016). Il n’y avait pas de différence significative sur l’évolution fonctionnelle (score Oswestry) ou sur l’EVA douleur à 3 et 6 mois entre les 2 groupes de patients.
Conclusion |
Dans notre étude, la majorité des patients atteints de SPI ont bénéficié d’une immobilisation rachidienne, mais pour une durée variable. Il n’y avait pas de différence significative en termes d’apparition de complications neurologiques ou de pronostic fonctionnel entre les patients immobilisés de façon stricte et les autres.
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Vol 87 - N° S1
P. A8 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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