L’Ibrutinib est prescrit en première ou deuxième ligne chez plus de 50 % des malades ayant une Leucémie Lymphoide Chronique (LLC). Nous avons observé deux malades, ayant présenté des cascades vertébrales fracturaires sous Ibrutinib alors que leur LLC répondait au traitement. l’objectif principal de notre étude rétrospective, motivée par ces 2 observations, est de comparer l’incidence des fractures vertébrales dans une cohorte de malades atteints de LLC traités par Ibrutinib à celle de leucémiques n’ayant pas été traités par cette molécule.

Groupe ibrutinib : tous les malades traités par Ibrutinib pour LLC dans le service d’Hématologie de l’oncopôle entre 2014 et 2020. Groupe non Ibrutinib : tous les malades traités pour LLC, sans Ibrutinib pendant cette même période. Les malades des 2 groupes devaient avoir eu une imagerie du rachis, sous traitement, permettant d’analyser la morphologie de leurs vertébres thoraco-lombaires. La fracture vertébrale était définie par une diminution de plus de 20 % de la hauteur vertébrale. Les fractures traumatiques étaient exclues.

87 malades sous ibrutinib de 72,1±9,5 ans ont été comparés à 63 contrôles de 70,3±11 ans. La durée d’évolution, les facteurs de risque d’ostéoporose étaient identiques dans les 2 groupes. 23 fractures thoraco-lombaires concernant 7 malades (8,5 %) ont été objectivées dans le groupe Ibrutinib versus 1 fracture concernant 1 malade (1,6 %) dans le groupe contrôle. Le nombre de fractures/patient/années était de 0,13 chez les malades traités par Ibrutinib vs 0,003 dans le groupe contrôle (p=0,001).

Il s’agit de la première étude rétrospective démontrant que l’Ibrutinib induit un risque de cascades fracturaires vertébrales chez des malades ayant une LLC traitée par ce médicament.

L’Ibrutinib semble induire un risque accru de fractures vertébrales chez des malades traités pour LLC. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ce risque et comprendre le mécanisme de cette fragilité osseuse.