DIGICOD, 1ère cohorte française de patients souffrant d’arthrose digitale : méthodologie et description de la population d’inclusion - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
L’arthrose digitale (AD) est une affection fréquente, douloureuse et handicapante mais peu étudiée. Un suivi standardisé de patients doit permettre de mieux caractériser ses phénotypes et son pronostic et d’identifier des biomarqueurs de la maladie. Cependant, contrairement à la gonarthrose et la coxarthrose, les cohortes prospectives d’AD sont rares.
Patients et méthodes |
L’étude DIGICOD (DIGItal Cohort Design) (NCT01831570) est une cohorte hospitalière prospective, monocentrique avec un comité de pilotage multicentrique, ayant inclus des patients>35 ans souffrant d’une AD symptomatique selon l’une des 2 définitions suivantes :
– AD symptomatique, répondant aux critères ACR, sur au moins 2 articulations parmi les interphalangiennes proximales, distales ou l’interphalangienne des pouces avec Kellgren-Lawrence (KL) ≥ 2 ;
– AD symptomatique de la base du pouce avec KL ≥2.
Les critères d’exclusion comprenaient un rhumatisme inflammatoire chronique (polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme psoriasique), la goutte ou la chondrocalcinose touchant les mains, une AD secondaire à une infection, un traumatisme ou de cause génétique. Les patients ont, pendant 6 ans, une visite annuelle avec évaluation clinique des mains, un examen général, et aux années 0, 3 et 6 des radiographies des mains et des autres articulations symptomatiques ainsi qu’un prélèvement sanguin permettant l’évaluation des paramètres habituels de biologie, et la constitution d’une sérothèque et DNAthèque. Les radiographies des mains ont été classés par un radiologue ostéo-articulaire selon le score de KL sur 32 articulations (extrêmes 0-128) et le score de Verbruggen. L’objectif principal de DIGICOD est d’étudier les facteurs prédictifs de l’aggravation clinique à 6 ans chez les patients atteints d’AD. Les caractéristiques des patients à l’inclusion sont ici présentées.
Résultats |
426 patients atteints d’arthrose ont été inclus entre 4/2013 et 6/2017. Parmi eux, 20 % provenaient de cabinets de ville (médecins généralistes ou rhumatologues). L’âge moyen±écart-type était de 66,7±7,3 ans, 357 (84 %) étaient des femmes dont 244 (68,3 %) étaient ménopausées. L’IMC moyen était de 25,1±4,3 et 50 patients (11,9 %) étaient obèses. Les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, la dyslipidémie et le diabète sucré concernaient respectivement 242 (56,8 %), 238 (55,9 %), 149 (35 %) et 33 (7,7 %) patients. La douleur des mains sur l’échelle visuelle analogique (EVA) était de 21,5±21,8/100mm au repos et de 44,4±26,7/100mm à l’activité. L’indice articulaire douloureux de Doyle était de 8,2±8 (extrêmes 0-30). Les scores AUSCAN douleurs, raideur et fonction (normalisés sur 100) étaient respectivement de 25,7±24,4, 32,6±28,1 et 36,4±24,9. Le score fonctionnel FIHOA moyen était de 19,9±18,6 (extrêmes 0-100). Un taux sérique élevé de CRP (≥5mg/L) concernait 10 % (36/426) des patients. Le score moyen de KL (0-128) était de 46,7±18 et le nombre moyen d’articulations avec KL ≥2 était de 15,1±6,3 sur 32 articulations. La rhizarthrose radiographique uni ou bilatérale était retrouvée chez 78,8 % des patients mais était exceptionnellement isolée (0,9 %). L’AD érosive, définie par l’atteinte d’au moins 1 articulation érosive (phase E ou R du score de Verbruggen) concernait 195/426 (45,8 %) patients dont 145 (74 %) avaient au moins 2 articulations érosives.
Conclusion |
La cohorte DIGICOD est la 1ère cohorte prospective française d’AD avec une évaluation clinique, biologique et radiologique standardisée. DIGICOD, de par son recrutement essentiellement hospitalier, comprend une fréquence élevée d’AD érosive (45,8 %), forme la plus sévère d’AD pour laquelle des avancées thérapeutiques sont nécessaires.
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Vol 87 - N° S1
P. A6 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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