La dysfonction du tissu adipeux associée à l’obésité viscérale et l’inflammation systémique sont associées à l’intensité de la douleur chez les femmes souffrant de gonarthrose et/ou coxarthrose : résultats de la cohorte KHOALA - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
Au-delà du lien entre les maladies métaboliques et le risque d’arthrose, l’obésité viscérale pourrait être impliquée dans la douleur liée à l’arthrose, en relation avec la libération systémique de médiateurs tels les adipokines par le tissu adipeux [1]. Notre objectif était de déterminer si des biomarqueurs inflammatoires ou métaboliques reflétant la dysfonction du tissu adipeux associée à l’obésité viscérale étaient corrélés à la douleur liée à l’arthrose des membres inférieurs.
Patients et méthodes |
863 patients ayant une gonarthrose et/ou coxarthrose inclus dans la cohorte nationale multicentrique KHOALA ont participé à cette étude transversale. La douleur a été évaluée à l’aide de l’échelle visuelle analogique (EVA), du WOMAC douleur et de la dimension douleur du questionnaire AMIQUAL (Arthrose des Membres Inférieurs et QUAlité de vie). La fonction a été évaluée par le WOMAC fonction. Des scores plus élevés de WOMAC et EVA reflètent plus de symptômes, tandis qu’un AMIQUAL élevé indique moins de symptômes. Nous avons mesuré à l’inclusion les concentrations circulantes de la protéine C réactive ultra-sensible (CRPus), de la leptine et de l’adiponectine totale pour le calcul du ratio leptine/adiponectine, un marqueur de dysfonction du tissu adipeux qui augmente avec l’augmentation de l’obésité viscérale, l’adiponectine de haut poids moléculaire (HPM), la visfatine et les apolipoprotéines (apoA1, apoB100). Des analyses univariées puis multivariées utilisant des modèles de régression linéaire ont été effectuées pour rechercher une corrélation entre les scores cliniques et ces biomarqueurs, avec un ajustement forcé sur l’âge et le score de Kellgren-Lawrence et une stratification par sexe.
Résultats |
Chez les 596 femmes souffrant de gonarthrose et/ou de coxarthrose, les analyses multivariées ont indiqué qu’une intensité de douleur plus élevée était associée à un ratio leptine/adiponectine plus élevé (EVA douleur : β=0,48 ; p=0,0001, AMIQUAL douleur : β =−0,45 ; p=0,0002, WOMAC douleur : β =0,29 ; p=0,002). Ces corrélations ont été trouvées chez les patientes présentant une gonarthrose ou une coxarthrose étudiées séparément (gonarthrose : EVA douleur β=0,52 ; p=0,0001 ; AMIQUAL douleur β=−0,48 ; p=0,0002 ; WOMAC douleur β=0,28 ; p=0,006 ; coxarthrose EVA douleur β=0,64 ; p=0,03 ; AMIQUAL douleur : β=−0,55 ; p=0,04). L’intensité de la douleur augmentait avec la CRPus (EVA douleur : β=0,27 ; p=0,02, AMIQUAL douleur : β =−0,31 ; p=0,01) et avec le score de Kellgren-Lawrence. La visfatine, l’adiponectine de HPM, l’apoA1 et l’ApoB100 n’étaient pas corrélées à la douleur, quel que soit l’instrument de mesure. Chez les 267 hommes souffrant de gonarthrose et/ou de coxarthrose, aucune corrélation entre les biomarqueurs et la douleur ou la fonction n’a été trouvée.
Conclusion |
Chez les femmes ayant une gonarthrose et/ou une coxarthrose, le ratio leptine/adiponectine (reflétant la dysfonction du tissu adipeux en relation avec l’obésité viscérale) d’une part et de la CRPus (reflétant l’inflammation systémique) d’autre part sont associées à la douleur, indépendamment de la sévérité radiographique. Cette étude suggère que la dysfonction du tissu adipeux peut être impliquée dans les mécanismes de la douleur arthrosique, spécifiquement chez les femmes.
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Vol 87 - N° S1
P. A52 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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