Évaluation, dans la cohorte prospective ESPOIR, du risque de complications sévères à 10 ans lié à l’utilisation de faibles doses de corticoïdes chez les patients atteints de Polyarthrite Rhumatoïde - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
Les recommandations nationales et internationales de prise charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR) proposent de prescrire des glucocorticoïdes (GC) à faibles doses et sur des durées courtes, si possible moins de 6 mois. Si la toxicité à court terme est bien documentée et parait faible, une controverse existe toujours sur le risque des GC à moyen et long termes. L’objectif de ce travail était de déterminer la tolérance de la corticothérapie à long terme chez les patients atteints de PR incidente dans le cadre de la cohorte ESPOIR.
Patients et méthodes |
Nous avons analysé les patients atteints de PR précoce (critères ACR/EULAR 2010) dans la cohorte ESPOIR. Ils ont été stratifiés en deux groupes, avec ou sans traitement par GC, au moins une fois au cours de leur suivi (médiane de suivi de 10 ans IQR [9-10]). Le critère de jugement principal était un critère composite défini par la survenue de décès, d’évènements cardiovasculaires (incluant ischémie myocardique, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque), d’infection sévère, ou de fracture. Afin de réduire l’impact du biais de sélection des traitements et des facteurs de confusion potentiels, un modèle de Cox pondéré par score de propension, méthode IPTW (inverse probability of treatment weighting), a été utilisé.
Résultats |
Parmi les 608 patients atteints de PR (480 femmes, âge moyen de 47,5±12,1 ans), 397 patients (65 %) ont reçu de faibles doses de prednisone (médiane 1,9mg/jour [IQR 0,6-4,2]), principalement pendant les 6 premiers mois (70 %). La durée moyenne du traitement par GC était de 44,6±40,1 mois. Au total, 95 événements ont été identifiés au cours du suivi : 10 décès, 18 évènements cardiovasculaires, 32 fractures et 35 infections sévères. En analyse univariée à 10 ans, les patients prenant des GC ont connu significativement plus d’événements (n=71) que ceux sans GC (n=24) (p=0,035), en particulier des infections sévères (n=30 avec GC contre 5 sans GC, p=0,009) (Tableau 1a), avec un effet dose cumulée (p=0,007). En analyse multivariée (methode IPTW), le risque de survenue d’évènements est significativement associé au traitement par GC (p<0,001). Le risque associé au traitement par GC augmente entre la première visite de suivi (HR à 6 mois=0,39, IC à 95 % 0,19-0,82) et 10 ans (HR=6,83, IC à 95 % 2,29-20,35) (Tableau 2).
Conclusion |
Cette analyse de la cohorte ESPOIR sur 10 ans met en évidence un risque élevé dose et temps-dépendant de survenue d’évènements sévères d’un traitement par GC à faible dose dans la PR incidente.
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Vol 87 - N° S1
P. A5 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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