Impact de l’uricémie sur le rhumatisme psoriasique : étude cas-témoins d’une cohorte de 242 patients - 30/11/20
Résumé |
Introduction |
La goutte et le rhumatisme psoriasique (RPso) peuvent co-exister chez un même patient. L’hyperuricémie pourrait être un déterminant important du RPso. Notre objectif est d’étudier l’impact de l’hyperuricémie sur la présentation clinique du RPso, sa sévérité et les comorbidités associées.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude bicentrique cas-témoins rétrospective. La sélection des patients a été réalisée via les codages CIM-10 “L40,5 psoriasis arthropathique” entre 2009 et 2019. Critère d’inclusion : patient atteint de RPso avec au moins un dosage d’uricémie disponible. Cas : RPso hyperuricémiques (uricémie médiane ≥360μmol/l). Témoins : RPso normo-uricémiques. Nous avons recueilli pour chaque patient : les données cliniques (présentation et évolution du RPso et d’une éventuelle goutte, réponse du RPso au traitement : « bons répondeurs » si absence de poussée de RPso, de syndrome inflammatoire biologique et de modification thérapeutique au dernier suivi), les comorbidités (avec calcul du score de Charlson) et les caractéristiques radiographiques (relecture de tous les examens d’imagerie et définition des patients comme « destructeurs » si présence d’au moins 1 érosion(s) objectivée(s) en radiographie standard, échographie, IRM ou TDM).
Résultats |
242 patients ont été inclus : 73 (30,2 %) avaient une hyperuricémie et 15 (6,2 %) répondaient aux critères ACR/EULAR 2015 de goutte. La médiane de suivi était de 4 ans (IQR 1-8,8). En analyse univariée, les patients hyperuricémiques étaient significativement plus fréquemment de sexe masculin (72,6 % vs 39,1 %, p=1,6×10-06), avaient un IMC plus élevé (IMC moyen 30,9kg/m2 vs 28,7kg/m2, p=0,015) et plus de comorbidités (score de Charlson moyen à 2,6 vs 1,8, p=0,005). Chez les patients hyperuricémiques, le RPso débutait plus tardivement (âge moyen 47,5 ans vs 43 ans, p=0,016) avec une présentation plus polyarticulaire (56,2 % vs 41,9 %, p=0,049) qu’axiale (9,6 % vs 22,8 %, p=0,019) et se caractérisait par une atteinte radiographique plus destructrice (52,8 % vs 37,4 %, p=0,032). L’uricémie médiane était plus élevée chez les patients destructeurs (respectivement 321μmol/l vs 288,75μmol/l, p=0,0038). En analyse multivariée les patients hyperuricémiques étaient plus fréquemment de sexe masculin (OR 3,78, p=0,0006), hypertendus (OR 2,28, p=0,016) et avaient plus souvent une insuffisance rénale chronique (OR 7,15, p=0,0048). Ils avaient une atteinte articulaire plus fréquemment périphérique (OR 2,98, p=0,025) et moins souvent une bonne réponse au traitement du RPso au dernier suivi (OR 0,35, p=0,024).
Discussion |
La distinction claire entre une poussée de RPso et une crise de goutte peut être difficile et conduire à une prise en charge inadaptée. La reconnaissance d’un RPso dans lequel l’hyperuricémie jouerait un rôle aggravant pourrait modifier la prise en charge de ces patients. Ceci justifierait une réévaluation diagnostique en cas de doute, l’éventuelle introduction d’un traitement hypo-uricémiant et l’utilisation prudente des AINS dans le contexte de multi-morbidités.
Conclusion |
Les patients atteints de RPso avec hyperuricémie ont un profil clinique et de comorbidités différent des patients normo-uricémiques. Leur réponse au traitement du RPso est moins bonne et leur atteinte articulaire plus fréquemment périphérique et destructrice. Notre étude est la première à étudier l’impact de l’uricémie sur le RPso et confirme l’existence d’une variété particulière de RPso : le psoutte.
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Vol 87 - N° S1
P. A31 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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