Une fenêtre d’opportunité au cours de la polyarthrite rhumatoïde : données de la cohorte ESPOIR - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
Une prise en charge précoce de la polyarthrite rhumatoïde (PR), visant à induire rapidement la rémission, est préconisée [1 ] ; cependant, le concept de fenêtre d’opportunité n’a jamais été démontré dans les études de vie réelle. L’objectif de ce travail était d’étudier l’impact de l’exposition aux traitements sur la progression radiologique à 10 ans (RP10) et la rémission sans handicap à 10 ans (RSH10) au cours de la PR.
Patients et méthodes |
Les patients de la cohorte ESPOIR remplissant les critères ACR/EULAR 2010 à l’inclusion ont été inclus dans cette étude. Deux critères de jugement étaient considérés :
– la RP10, définie par une augmentation du score de Sharp modifié par van der Heijde supérieure au plus petit changement détectable à 10 ans ;
– la RSH10, définie par un score DAS28-VS ≤2,6 et un score HAQ ≤0,5 à 10 ans.
Les traitements étudiés étaient les traitements de fond conventionnels (csDMARDs) et les biothérapies (bDMARDs) selon qu’ils aient été initiés dès la première visite dans la cohorte ou au moins 3 mois plus tard. L’exposition médicamenteuse a été modélisée par Weighted Cumulative Exposure (WCE), où l’intensité–durée et dose–de l’exposition médicamenteuse est définie par une fonction pondérée des doses passées, et a été intégrée dans un modèle de régression logistique tenant également compte des caractéristiques cliniques, biologiques et radiologiques initiales. Les performances prédictives des modèles étaient évaluées au moyen de courbes ROC avec leurs aires sous la courbe (AUC).
Résultats |
Au total, 310 patients ont été considérés pour l’étude de la RP10, et 349 pour l’étude de la RSH10, du fait de perdus de vue et de l’absence de données radiologiques complètes pour tous les patients. A la fin du suivi, 85 patients (27,4 %) avaient expérimenté une RP10 et 158 (45,3 %) étaient en RSH10. L’initiation précoce d’un csDMARD avait un effet protecteur sur la RP10, et était associée à la RSH10 : OR=0,79 [IC95 % : 0,65-0,96] pour la RP10 et OR=1,05 [IC95 % : 1,03-1,07] pour la RSH10, lorsque l’on initiait un csDMARD dès l’inclusion comparé à une initiation après 3 mois de suivi. L’initiation précoce d’un bDMARD en association à un csDMARD n’était associée significativement à aucun des 2 critères, lorsque l’on comparait à l’initiation précoce d’un csDMARD. Ces 2 modèles WCE avaient de bonnes performances prédictives : AUC=0,92 (IC95 % : 0,89-0,95) pour la RP10 et AUC=0,85 (IC95 % : 0,81-0,89) pour la RSH10.
Discussion |
Cette étude montre l’impact positif des traitements de fond sur le pronostic à 10 ans de la PR, avec un intérêt à initier précocement un csDMARD, conformément aux recommandations.
Conclusion |
Il existe une fenêtre d’opportunité pour les csDMARDs, qui sont associés à l’absence de progression radiologique à 10 ans et à la présence d’une rémission sans handicap à 10 ans. Il ne semble pas y avoir de “perte de chance” à initier un bDMARD après un csDMARD, dès lors qu’un csDMARD a été initié précocement, ce qui conforte les recommandations en vigueur.
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Vol 87 - N° S1
P. A21 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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