Impact du délai thérapeutique sur la progression radiologique au cours de la polyarthrite rhumatoïde - 30/11/20

Résumé |
Introduction |
Plusieurs études ont montré que la progression structurale commence tôt au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Ainsi, à trois mois, 25 % des patients développent des érosions. Ce pourcentage atteint 70 % à 3 ans de l’évolution de la maladie [1 ]. L’objectif de notre travail était de quantifier le délai thérapeutique de la PR et d’évaluer son impact sur la progression radiologique durant les trois premières années de l’évolution de la maladie.
Patients et méthodes |
Étude transversale portant sur des patients atteints de PR (critères ACR 1987 et ACR/EULAR 2010). Le délai diagnostique était défini par l’intervalle du temps séparant le premier symptôme du diagnostic positif. Le délai thérapeutique était défini par l’intervalle du temps séparant le premier symptôme du premier traitement de fond. Le degré de destruction articulaire a été évalué par le Simple Erosion Narrowing Score (SENS). Le score du pincement porte sur 15 articulations pour chaque main et 6 articulations pour chaque avant-pied. Chaque articulation est notée 0 (pas de pincement) ou 1 (présence de pincement). Le score d’érosion porte sur 16 articulations pour chaque main et 12 berges articulaires pour chaque avant-pied. Chaque articulation est notée 0 (pas d’érosion) ou 1 (présence d’érosion). Le score SENS total a été calculé en faisant la somme du score du pincement et du score d’érosion. Il varie de 0 à 98. Les radiographies standards du bassin et du rachis cervical en hyperflexion ont été analysées au moment du diagnostic et à 3 ans à la recherche d’une coxite et/ou d’une luxation atloïdo-axoïdienne (LAA). Le seuil de signification p a été fixé à 0,05.
Résultats |
Cent patients d’âge moyen de 56,5±12,4 ans ont été inclus. Le sex-ratio homme/femme était de 0,16. L’âge moyen au début de la PR était de 47,5±12,4 ans. Les délais diagnostiques et thérapeutiques médians étaient respectivement 15,7 mois [2–252] et 18 mois [2–270]. Le délai séparant le diagnostic de la PR et l’initiation du traitement de fond était de 0,5 mois [0–18]. Au moment du diagnostic, la PR était immunopositive dans 70 % des cas et érosive dans 36 % des cas avec un score SENS initial médian de 2,5 [0–36]. Une LAA et une coxite ont été notées respectivement dans 1 % et 5 % des cas. Au cours de l’évolution, les scores SENS médians étaient respectivement 5 [1–32] à une année, 9,5 [1–39] à 2 ans et 6,5 [2–42] à 3 ans. Une LAA et une coxite étaient notées dans 3,3 % et 10 % des cas à 3 ans. Le délai thérapeutique était significativement et positivement corrélé au score SENS à 2 ans (p=0,002; r=0,563) et à 3 ans (p=0,015; r=0,382). En revanche, aucune association n’a été retrouvée entre ce délai et les paramètres suivants: SENS à une année (p=0,49; r=0,13), la survenue d’une coxite (p=0,61) et d’une LAA (p=0,16) à 3 ans de l’évolution de la maladie.
Discussion |
Le traitement de fond de la PR doit être initié le plus tôt possible. Dans une cohorte incluant 661 cas de PR, à un an de l’évolution de la PR, les patients ayant un délai thérapeutique inférieur ou égal à 3 mois avaient significativement moins de progression radiologique que ceux ayant un délai supérieur à 3 mois [2 ]. Notre étude rejoint les données de la littérature puisque le délai thérapeutique était significativement corrélé à une aggravation de la destruction articulaire à 2 ans et à 3 ans de l’évolution de la maladie.
Conclusion |
Dans notre étude, l’instauration précoce d’un traitement de fond était associée à un ralentissement de la progression structurale de la PR. D’autres études à larges spectres sont nécessaires pour appuyer nos résultats.
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Vol 87 - N° S1
P. A121 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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