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Données récentes d’addictovigilance sur la prégabaline en France - 20/11/20

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.09.067 
Maryse Lapeyre-Mestre 1, , Camille Ponte 1, Réseau Français Addictovigilance 2
1 Pharmacologie médicale CEIP-A, CHU de Toulouse, Toulouse, France 
2 Association Française des CEIP-A, Bordeaux, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Les gabapentinoides (gabapentine et prégabaline), dérivés structurels du GABA sans agir sur son récepteur, modifient l’activité des canaux calciques voltage-dépendant du système nerveux central. Initialement présentés comme sans risque d’abus, le succès commercial de la prégabaline en Europe, et particulièrement en France, a favorisé l’élargissement de son utilisation dans des indications non validées (douleurs ou sevrage aux benzodiazépines et à l’alcool). Les premiers signaux de mésusage et d’abus de la prégabaline sont apparus à partir de 2011 en France. Un point d’information rappelant en juin 2016 aux prescripteurs les précautions nécessaires chez les patients avec des troubles de l’usage de substances, ce travail présente les données d’addictovigilance mises à jour de la prégabaline dans les cinq dernières années.

Méthode

Analyse combinée des données rapportées au réseau français d’addictovigilance (notifications spontanées NotS) et outils pharmacoépidémiologiques spécifiques (OSIAP OPPIDUM, DRAMES, etc…).

Résultats

Les faits marquants de l’enquête d’addictovigilance sont une augmentation des NotS déclarées (181 au total, pour une dizaine seulement depuis 2006), dont les 2/3 survenus dans l’année 2018. La caractérisation de l’usage problématique a pu être faite dans 124 NotS, correspondant en premier lieu à un abus chez des polyconsommateurs jeunes (47 %), un usage récréatif et recherche de défonce (32 %), suivi par un abus chez des patients initialement exposés dans un usage thérapeutique (15 %). Le sevrage apparaît difficile. Les outils d’addictovigilance soulignent une augmentation récente très marquée pour tous les aspects de mésusage (trafic de rue, obtention illicite, falsifications d’ordonnances représentant en 2018 près de 10 % de l’ensemble des OSIAP (Ordonnances Suspectes Indicateurs d’Abus Possible)). Peu de cas de décès ont été rapportés, mais la prégabaline n’est pas systématiquement recherchée en France. En Europe, la prégabaline parait plus à risque que la gabapentine [1]. La prévalence d’abus de gabapentinoïdes serait de 1,6 % en Grande Bretagne, tandis qu’elle varie de 3 % à 68 % chez les consommateurs d’opioïdes dans différentes études européennes. Des études de cohorte suggèrent que le mésusage de prégabaline (utilisation de doses supérieures à 600mg) concernerait 10 % des utilisateurs, soit plus que la gabapentine (12,8 % versus 6,6 % dans une étude française ; 8 % dans une étude suédoise), et que la proportion de sujets développant ensuite une addiction serait de l’ordre de 10 % [2]. Les patients présentant un trouble addictif ou des comorbidités psychiatriques sont plus à risque, mais ceci ne peut être exclu pour des patients sans antécédent, en raison des effets psychoactifs euphorisants [3]. Selon certains auteurs, le potentiel addictif des gabapentinoides serait faible dans l’absolu, mais de nombreuses données (expérimentales chez l’animal ou cliniques) suggèrent un profil comparable à celui des benzodiazépines [4]. Enfin des publications récentes montrent que le mésusage de gabapentinoïdes en association avec des analgésiques opioïdes (en particulier l’oxycodone), augmente le risque de décès par dépression respiratoire, même pour des doses non toxiques d’opioïde [4, 5]. Ceci a également été observé chez l’animal, avec une levée de la tolérance à l’effet dépresseur respiratoire des opioïdes, expliquant les décès observés sans surdosage opioïde [6].

Conclusion

De nombreuses preuves démontrent le potentiel d’abus des gabapentinoïdes, en particulier la prégabaline. Compte tenu de la banalisation de ces médicaments, et de leur association fréquente avec des opioïdes forts, les prescripteurs doivent être sensibilisés à cette problématique, et doivent être mieux sensibilisés aux risques de mésusage, d’abus et de dépendance.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 32 - N° 4S

P. S33 - décembre 2020 Retour au numéro
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  • Case Report : L’exhumation d’un nouveau-né trois ans après son décès a mis en évidence un empoisonnement par du tramadol
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  • Caroline Sastre, Valérie Baillif-Couniou, Jean-Michel Gaulier, Delphine Allorge, Marie-Dominique Piercecchi, Georges Leonetti, Anne Laure Pelissier

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