Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) représentent une classe thérapeutique très fréquemment présente sur plus de 10 % des ordonnances sur des bases de données nord-américaines. Or plus de 50 % de ces prescriptions ne seraient pas conformes aux recommandations de la HAS notamment, fait a priori inquiétant compte tenu d’une augmentation supposée du risque d’ostéoporose, de colite infectieuse, de pneumopathie communautaire, de néphropathies et d’hypomagnésémie. Cependant ces prescriptions dites non conformes pourraient correspondre à la dispensation d’IPP en cas d’association de traitement antithrombotique, anticoagulant et antiplaquettaire ou antiplaquettaires entre eux. Cette dernière situation est aujourd’hui fréquente, notamment en cas de syndrome coronarien aigu et de fibrillation atriale et la société européenne de cardiologie recommande de prescrire un IPP. Cette dernière recommandation est en désaccord avec la HAS mais apparaît justifiée car le risque hémorragique est dans ce cas non négligeable et les accidents hémorragiques digestifs représentent 50 % de ce risque hémorragique. Deux études montrent que la prescription d’IPP permet de réduire le risque hémorragique gastro-intestinal en cas d’association de clopidogrel et d’aspirine (étude COGENT, Bhatt et al. N Engl J Med 2010) ou en cas d’association d’aspirine et de rivaroxaban (étude COMPASS, Moayyedi et al. Gastroenterology 2019). Dans les 2 cas, il n’y a pas de modification du risque thromboembolique sous IPP bien que de potentielles interactions médicamenteuses aient été discutées avec le clopidogrel et les anticoagulants oraux directs. Ces données plaident pour une prescription d’IPP en cas d’antithrombotiques entre eux mais la prescription des IPP doit être arrêtée dès que l’association d’antithrombotiques n’est plus maintenue.