La musculation ne favorise pas le lymphœdème chez les femmes guéries d’un cancer du sein - 14/04/08
RÉSUMÉ DE : AHMED RL, THOMAS W, YEE D, SCHMITZ KH. |
Randomized controlled trial of weight training and lymphedema in breast cancer survivors. Journal of Clinical Oncology 2006;24:2765-2772. [Préparé par Mark Elkins, Rédacteur CAP]
Question : Après une dissection axillaire pour un cancer du sein, la musculation peut-elle augmenter la force sans précipiter ou aggraver un lymphœdème brachial ?
Méthodes : Étude randomisée contrôlée en double insu au centre de récréation de l’Université du Minnesota.
Participants : Quarante-six femmes, 4 à 36 mois après le traitement d’un cancer du sein avec dissection axillaire au-delà du ganglion sentinelle. Les critères d’exclusion étaient l’hypertension artérielle, l’obésité morbide (indexe de masse corporelle > 40 kg/m2), un programme amaigrissant et les conditions co-morbides contre-indiquant la musculation. Deux groupes de femmes étaient comparées : un groupe de musculation (n = 23) et un groupe de témoins sans intervention (n = 23).
Interventions : Pour le premier groupe, des séances d’une heure d’exercices contre résistance deux fois par semaine pour renforcer la musculature des membres supérieurs et inférieurs, du thorax et du dos (résistance appliquée par machine ou par charge libre). Pour les exercices de l’hémicorps supérieur, et en l’absence de symptômes de lymphœdème, la charge de résistance était augmentée à chaque session par le plus petit incrément disponible. Pour les exercices de l’hémicorps inférieur, la musculation commençait par une série de dix exercices à la charge maximale tolérée à la première séance puis augmentait progressivement pour atteindre trois séries dès la troisième semaine. Les exercices d’étirement étaient également effectués. Après une période initiale de trois mois où les séances se faisaient par petits groupes sous la direction d’un moniteurpraticien, les femmes poursuivaient l’entrainement en binôme sans supervision pendant une autre période de trois mois. Afin d’encourager la participation, une relance téléphonique était programmée en cas d’absence à une séance. Les femmes des deux groupes étaient invitées à poursuivre les modalités initialement prescrites de surveillance du lymphœdème et à ne pas changer leurs habitudes alimentaires ou activités physiques.
Mesures : Trois méthodes étaient utilisées pour mesurer l’incidence du lymphœdème brachial ipsilatéral du cancer : augmentation d’au moins 2 cm de la circonférence brachiale comparée au bras controlatéral ; symptômes (gonflement du bras, douleurs, dysfonction de la motricité fine) ; auto-évaluation du lymphœdème. La sévérité du lymphœdème était évaluée à partir de la différence des circonférences des bras et de la sévérité des symptômes. La force musculaire était évaluée selon le poids maximal soulevé en une seule fois (1RM) par le membre supérieur (bench press) et le membre inférieur (leg press).
Résultats : Une femme du groupe témoin s’est retirée de l’étude. Aucune des mesures du lymphœdème observées dans le groupe de musculation n’était significativement plus grande que celles observées dans le groupe témoin. Au cours des six mois de l’étude, les performances du groupe de musculation sont améliorées par rapport au groupe témoin tant pour le membre supérieur (de 28 kg pour le la 1RM, IC 95 % [15-41]) que le membre inférieur (de 12 kg pour le 1RM, IC 95 % [8-16]).
Conclusion : Un programme de musculation de six mois permet d’améliorer la force musculaire sans aggraver le lymphœdème chez les femmes ayant eu une chirurgie avec dissection axillaire pour un cancer du sein.
(Conversion des résultats en kg et calcul des IC 95 % par le rédacteur CAP)
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Vol 8 - N° 73
P. 10 - janvier 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.