Impact du traitement par IEC/ARA2 chez les patients hospitalisés pour Covid-19 : une étude de cohorte - 31/10/20
Résumé |
Introduction |
L’épidémie de Covid-19 a frappé la France dès février 2020. Selon certains auteurs, près de 40 % des patients hospitalisés présentaient une comorbidité cardiovasculaire [1 ], dont l’hypertension artérielle, le diabète et la cardiopathie ischémique sont parmi les plus fréquentes. Or ces patients sont souvent traités par des Inhibiteur de l’Enzyme de Conversion ou Antagonistes du Récepteur Angiotensine Aldostérone (IEC/ARA2). Rapidement la communauté médicale a été préoccupée par une éventuelle interaction entre le virus Sars-Cov-2 et le traitement par IEC/ARA2, certains appelant à les arrêter préventivement en cas de contamination [2 ]. En effet, sur des modèles animaux, le traitement par IEC/ARA 2, augmente l’expression cellulaire membranaire de l’Enzyme de Conversion de l’Angiotensine 2 (ACE2) [3 ], récepteur auquel le virus SARS cov-2 se lie au niveau de l’épithélium respiratoire. Le traitement par IEC/ARA 2 pourrait donc potentiellement aggraver les manifestations respiratoires du Covid-19 avec un sur-risque de syndrome de détresse respiratoire aiguë et mortalité [2 ]. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact du traitement par IEC/ARA2 à l’admission sur la mortalité à 28jours chez les patients hospitalisés pour Covid-19.
Matériels et méthodes |
Il s’agissait d’une étude observationnelle, rétrospective, sur un registre prospectif soumis à accord du Comité de Protection des Personnes (CPP) au sein de l’Hôpital de Montfermeil. Les patients inclus étaient hospitalisés pour Covid-19 entre le 15 mars 2020 et le 2 avril 2020. Le critère de jugement principal était la mortalité à 28jours de l’hospitalisation. Les critères de jugement secondaires étaient l’hospitalisation en soins intensifs, l’intubation orotrachéale à 28jours de l’hospitalisation, l’arrêt du traitement IEC/ARA 2 à l’admission. Le suivi était complet pour 97,3 % des patients.
Résultats |
Deux cents soixante trois patients ont été inclus, l’âge médian était de 59,5 ans avec 41,4 % de patients de sexe féminins, 119 (45,2 %) des patients hospitalisés étaient hypertendus. Parmi les patients inclus, 67 (25,5 %) étaient sous IEC/ARA2 à l’admission et comparés à 196 (74,5 %) qui ne l’étaient pas. Durant le suivi de 28jours, 40 (15,2 %) patients sont décédés. Le traitement par IEC/ARA2 n’impactait pas la mortalité à 28jours (19,7 % vs 13,8 % log rank p=0,54) comme représenté sur la Fig. 1. On ne constatait pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes pour l’hospitalisation en soins intensifs (24,2 % vs 18,4 % p=0,30) et l’intubation orotrachéale (15,2 % vs 9,7 % p=0,25) à 28jours de l’admission. Le traitement par IEC ARA2 a été arrêté à l’admission pour 28 (41,8 %) patients.
Conclusion |
Le traitement par IEC/ARA2 n’était pas associé à une augmentation de la mortalité après un suivi de 28jours chez les patients hospitalisés pour Covid-19. Ces données ne sont pas en faveur d’un arrêt systématique des IEC/ARA2 en accord avec les consensus d’experts des sociétés savantes.
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Vol 69 - N° 5
P. 338 - novembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.