Les douleurs neuropathiques sont négligées et sous-traitées en gériatrie, comme le confirme une expérience de 10 ans d’une consultation spécialisée.

Analyse rétrospective de 1 334 consultations consécutives chez 483 patients de plus de 60 ans, ambulatoires et relativement peu déficitaires (78 % ont MMS > 25). Les douleurs neuropathiques concernent 44 % des 60-80 ans, 57 % des plus de 80 ans. De 1995 à 2000, dans 87 % des cas de neuropathies finalement confirmés en consultation, la neuropathie n’était pas préalablement identifiée ou traitée. Seuls 17 % des malades traités reçoivent un traitement spécifique, mais sous-dosé. Les étiologies sont neurologique et rhumatologique (86 % des cas). Le diagnostic est essentiellement clinique, sur les caractères classiques désormais validés par le DN4 : évaluation de l’intensité effectuée surtout par l’EVS, l’EN, et le retentissement sur les AVQ (activités vie quotidienne). La non-reconnaissance des neuropathies en gériatrie est reflétée aussi par l’absence d’une imagerie qui aurait dû être faite auparavant pour le bilan, voire même pour le diagnostic étiologique (Scanner ou IRM indispensable manquant chez 25 % des consultants). L’amélioration > 50 % sous traitements médicamenteux spécifiques concerne 67 % des malades. Ces traitements sont complétés par 26 % de soutien psychothérapeutique, 7 % stimulation TENS, 44 % de kinésithérapie. Les AVQ, très altérées chez ces patients encore ambulatoires, sont améliorées par l’approche globale et les traitements et facilitent la vie à domicile, aidée ou non.

La méconnaissance des douleurs neuropathiques par les praticiens à la fin des années 90 explique que près de 90 % soient non diagnostiquées et/ou non traitées. Une amélioration sensible mais encore insuffisante existe notamment depuis 2002 (apparition de médicaments spécifiques, meilleure communication sur ces douleurs auprès des praticiens).