Le sommeil des bergers - 27/09/20
Résumé |
Depuis quelques années, des ours sont réintroduits dans les Pyrénées. Nous avons voulu évaluer le retentissement de leur présence sur le sommeil des bergers qui gardent des troupeaux de brebis dans les estives, certains d’entre eux ayant été confrontés à des attaques d’ours. Nous les avons équipés d’une montre actimètre qui enregistre le rythme veille sommeil associé à un agenda de sommeil.
Dans les Pyrénées, un berger monte en estive, en juin et redescend en octobre. Il gère et protège un troupeau d’environ 1500 brebis, provenant d’élevages différents. Il effectue des rondes pour repérer les animaux malades, les brebis ayant agnelé et rassemble les bêtes quand un ours est signalé.
Il vit en autonomie presque 5 mois, souvent coupé du monde extérieur, dans une cabane au confort rudimentaire située entre 1500 et 2000m d’altitude. Elle est construite sur place ou héliportée en début de saison, équipée d’une douche et d’un WC, avec le nécessaire pour la vie courante : bouteille de gaz, poêle à bois et sa réserve pour se réchauffer. Il effectue 6jours de travail et 1 jour de repos dans la semaine qui lui permet de retrouver son domicile. Pour rejoindre sa cabane, il utilise la voiture mais il est contraint de finir le chemin à pied en portant dans son sac à dos les victuailles de la semaine.
En 2018, dans le secteur retenu pour cette étude, 15 attaques d’ours sont répertoriées mais aucune durant l’été 2019 malgré sa présence signalée. L’emploi de chiens de race Patou, adaptés à la montagne et aux troupeaux, en est certainement une des raisons. À partir des relevés d’actimétrie et de l’étude des agendas de sommeil, nous estimons que les troubles du sommeil relèvent plutôt de risques psychosociaux, liés à l’inquiétude générée par la venue des éleveurs qui impose au berger de rassembler les bêtes souvent dispersées, de les compter voire de les soigner mais aussi quand le berger retourne sur son exploitation et constate l’accumulation du travail d’entretien au cours de la semaine.
Le métier de berger est un métier difficile, qui demande de réelles qualités physiques, cognitives et mentales, pour affronter l’hostilité de la montagne et posséder la capacité à supporter les moments de solitude. Cette étude centrée sur le sommeil indique qu’il peut être affecté par les conditions météo, notamment en cas de brouillard où se repérer est quasiment impossible et le risque de chute majeur, par la présence éventuelle de l’ours au cours de la nuit, avec le risque de perdre des animaux et d’avoir des comptes à rendre aux éleveurs. L’analyse des résultats de l’actimétrie et la réflexion sur l’organisation du travail avec les bergers, notamment par l’anticipation des tâches, ont permis d’améliorer les conditions de travail.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Sommeil, Actimètre, Berger, Ours
Plan
Vol 81 - N° 5
P. 722 - octobre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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