Les inégalités sociales de santé sont associées à un risque accru de maladie rénale chronique et à un moindre accès à la greffe rénale.

L’objectif de cette étude était d’évaluer l’association entre la défavorisation sociale et la greffe rénale préemptive, et d’explorer les médiateurs potentiels de cette association.

Cette étude observationnelle rétrospective multicentrique a inclus 8701 patients ayant reçu une première greffe rénale entre janvier 2010 et décembre 2014 en France métropolitaine. L’European Deprivation Index (EDI), indice écologique de défaveur sociale, a été calculé à partir de l’adresse de chaque patient. Un graphe acyclique orienté a été construit pour identifier les médiateurs potentiels entre le quintile le plus défavorisé de l’EDI (quintile 5) et la greffe préemptive. Une analyse de médiation ajustée sur les facteurs de confusion a été réalisée pour évaluer l’effet direct de l’EDI sur la greffe rénale préemptive et l’effet indirect lié aux médiateurs.

Parmi les 8701 patients inclus, 32,4 % appartenaient au quintile 5 de l’EDI et 16 % ont reçu une transplantation préemptive. Dans les analyses de médiation, la défavorisation sociale était significativement associée à la greffe préemptive (effet total : OR : 0,63 [0,55–0,73]). La greffe rénale avec donneur vivant était le principal médiateur de cette association (effet naturel indirect : OR : 0,92 [0,89–0,95]). La séropositivité au cytomégalovirus, à l’hépatite C et le groupe sanguin B étaient également des médiateurs dont l’effet indirect était plus modeste (effets naturels indirects respectifs : OR : 0,98 [0,95–1,00], OR : 0,99 [0,99–1,00] et OR : 0,99 [0,98–1,00], p<0,05).

En France, la défavorisation sociale est significativement associée à une moindre proportion de transplantation rénale préemptive. Cette association est médiée par la greffe avec donneur vivant dont la promotion permettrait de lutter contre les inégalités d’accès à la greffe préemptive.