La quantification scanographique des lésions pulmonaires comme facteur pronostique d’atteinte sévère chez les patients COVID-19 - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Le scanner thoracique a montré de bonnes performances diagnostiques dans la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), avec une sensibilité supérieure à la PCR. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer la valeur pronostique du scanner thoracique avec quantification de l’atteinte pulmonaire réalisé à l’admission à l’hôpital des patients atteints de COVID-19.
Matériels et méthodes |
Nous avons étudié prospectivement 572 patients avec un diagnostic de COVID-19 confirmé par PCR et ayant bénéficié d’un scanner thoracique systématique à l’admission à l’hôpital. La quantification des lésions pulmonaires, opacités en verre dépoli et/ou condensations, a été réalisée de manière visuelle par deux radiologues pour permettre de classer les patients selon le degré de l’atteinte : scanner normal, atteinte minime (0–10 %), modérée (11–25 %), importante (26–50 %), sévère (51–75 %) ou critique (>75 %). Le critère de jugement principal était la survenue d’une forme sévère de la maladie, définie comme un décès ou un transfert en réanimation dans les 7jours suivants l’admission.
Résultats |
La moyenne d’âge était de 66±16 ans et 343 (60 %) patients étaient des hommes. Le scanner a retrouvé une atteinte minime, modérée, importante, sévère et critique chez 68 (11,9 %), 224 (39,2 %), 171 (29,9 %), 82 (14,3 %), et 13 (2,3 %) patients, respectivement. La majorité des patients avait une atteinte bilatérale (524/572, 91,6 %) et des lésions en verre dépoli (540/572, 94,4 %). Au total, 206 (36 %) patients ont présenté une forme sévère de COVID-19, dont 55 (9,6 %) sont décédés. L’extension des lésions au scanner était corrélée au pronostic, avec 66/95 (69,5 %) patients ayant une atteinte>50 % qui ont développé une forme sévère, contre 70/306 (22,9 %) patients ayant une atteinte≤25 % (odds ratio=7,6 ; intervalle de confiance 95 % [4,5–13,3] ; p<0,01). Il n’y avait pas de différence en termes d’âge ou de comorbidités selon le degré d’atteinte au scanner. Les patients ayant une atteinte>50 % avaient une CRP moyenne significativement plus élevée que ceux avec des lésions≤25 % (164mg/L versus 80mg/L, p<0,01). Une atteinte bilatérale et la présence de condensations au scanner étaient associées à un mauvais pronostic (p<0,01 et p<0,01, respectivement). Aucun des 14 patients ayant un scanner normal n’a développé de forme sévère. Le délai moyen entre le début des symptômes et la réalisation du scanner était de 6,6±3,4jours. Le scanner avait une valeur pronostique quelle que soit la durée d’évolution de la maladie, mais il était plus discriminant chez les patients présentant des symptômes depuis 5 à 10jours.
Conclusion |
Le scanner thoracique, en plus d’être un outil diagnostique, aurait un intérêt pronostique grâce à la quantification visuelle de l’atteinte pulmonaire qui semble corrélée à une atteinte sévère précoce. Le délai entre l’apparition des symptômes et sa réalisation doit être pris en compte dans son interprétation.
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Vol 50 - N° 6S
P. S80-S81 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.