Le traitement fonctionnel des fractures Garden 1 du col fémoral dispose de résultats hétérogènes et sans que des facteurs d’échec ne se dégagent de manière indiscutable, notamment en l’absence de sélection des groupes à risque. Ce traitement semble une bonne indication chez les patients fragiles et/ou dépendants ayant des co-morbidités, mais cette notion n’a pas été évaluée spécifiquement alors que des échecs sont fréquemment rapportés sur cette population cible. Aussi nous avons mené une étude rétrospective afin : (1) d’évaluer les résultats du traitement fonctionnel dans les fractures du col fémoral engrenées Garden 1 chez les patients dépendants ; (2) d’analyser le taux de survie pour complications, pour décès et les facteurs influençant ceux-ci.

Le traitement fonctionnel des fractures Garden 1 sur des patients dépendants donne de mauvais résultats avec un nombre important de chirurgies secondaires.

Nous avons analysé rétrospectivement les fractures du col du fémur Garden 1 chez les patients dépendants (score de Parker inférieur ou égal à 5) avec un suivi minimum de 2 ans. Cent quarante-six patients ont été inclus, âgés en moyenne de 81 ans±8,7 [55,7–99,6]. Le critère de jugement était la survie avec recherche de complications nécessitant une chirurgie, de déplacement secondaire nécessitant une chirurgie, de douleur trop importante imposant une chirurgie, de pseudarthrose, d’ostéonécrose. Les critères de jugement secondaire étaient le taux de décès global et en fonction de l’apparition d’une complication.

Le recul moyen était de 4,2 ans±2,6 [2,0–10,3]. Parmi les 146 patients, 91 (62,3 %) ont nécessité secondairement une intervention chirurgicale. Soixante-dix-neuf patients (54,1 %) ont été opérés de manière précoce (dans les 3 mois après la fracture) en raison de 77 (52,7 %) déplacements secondaires et de 2 (1,4 %) douleurs trop importantes et 12 (8,2 %) ont été opérés de manière tardive (162,2jours±132,3 [90–454]) en raison de 8 (5,4 %) pseudarthroses et 4 (2,7 %) ostéonécroses. Le délai moyen d’apparition d’un déplacement secondaire était de 13,6jours±11,8 [0–67,0]. Le taux de survie pour complication nécessitant une intervention chirurgicale à 2 ans était de 34,1 % [IC 95 : 26,0 %–42,4 %]. Quatre-vingt-onze patients (62,3 %) étaient décédés au dernier recul. Le taux de survie pour décès à 2 ans de 69,9 % [IC95 : 62,4 %–77,3 %]. L’analyse de survie en fonction de la survenue d’une complication identifiait plus de décès si le patient n’avait pas eu de complication : 42 des 55 patients (76,3 %) n’ayant pas eu de complication entraînant une chirurgie décédés, contre 49 des 91 patients (53,8 %) ayant eu une complication entraînant une chirurgie (p=0,012). Le risque relatif de décès en cas d’absence de complication avec réintervention était de 1,42 [IC95 : 1,33–5,77].

Le traitement fonctionnel des fractures du col fémoral Garden 1 chez les patients dépendants a de mauvais résultats à court et moyen terme. Ceci pousse à favoriser le traitement chirurgical qui dans cette population et cette étude améliorait la survie du patient.

IV, étude rétrospective.