Au Bénin et au Togo, l’Organisation non gouvernementale béninoise Saint-Camille (ONG SCL) a développé un réseau de soins spécialisé en psychiatrie dans les secteurs ambulatoire et hospitalier. La spécificité de ces soins est qu’ils sont accessibles à la grande majorité de la population, tant sur le plan financier que géographique.

En collaboration avec cette dernière, l’Association santé mentale en Afrique de l’Ouest (SMAO) propose un transfert de compétences via un référentiel théorique commun. Ce dernier utilise des catégories diagnostiques simplifiées et des protocoles thérapeutiques avec les médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des consultations conjointes avec les soignants de l’ONG ont également lieu plusieurs fois par an.

La fiche SMAO est le pilier central de la formation. Elle propose de recueillir les principaux symptômes psychiatriques dans deux colonnes, puis trois étapes permettent d’aboutir à un diagnostic psychiatrique. Le tout pouvant être réalisé en une quinzaine de minutes. La première colonne de recueil des symptômes est consacrée aux troubles délirants, la seconde à la dépression. Pour les patients atteints de trouble délirant, il est proposé au soignant de chercher s’il s’agit d’un premier épisode ou d’une pathologie chronique. Ensuite, pour cette dernière, une troisième étape permet de distinguer s’il s’agit plutôt d’une schizophrénie ou d’un trouble bipolaire.

Une étude menée en 2018 sur 14 centres béninois et togolais a eu pour objectif d’évaluer la formation psychiatrique des agents de santé de première ligne. Les diagnostics posés par les soignants locaux étaient à 94 % identiques à ceux posés par les formateurs de l’association en ce qui concerne la première étape (délire/dépression). Ce chiffre était de 90,14 % pour la deuxième étape (1^er épisode/maladie chronique), puis de 68 % pour la troisième étape (trouble bipolaire/schizophrénie).

Ces chiffres montrent que loin d’offrir une psychiatrie au rabais, une formation simplifiée et pragmatique permet une réelle progression des compétences des soignants locaux.