Le rôle des psychiatres dans l’accompagnement des journalistes vers un traitement médiatique plus responsable du suicide - 29/05/20
Résumé |
Contexte La couverture médiatique d’un fait suicidaire peut engendrer un phénomène d’imitation appelé Effet Werther (EW) ou à l’inverse, un effet préventif appelé Effet Papageno (EP) [1]. Afin de promouvoir l’EP et de diminuer l’EW, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié en 2017 une série de 12 recommandations destinées aux journalistes [2]. En tant que spécialiste de Santé Mentale, les psychiatres sont les premiers sollicités lors de la médiatisation d’un fait suicidaire. Or, très peu d’études s’intéressent à leur aptitude à guider spontanément les journalistes vers un traitement médiatique plus responsable du suicide, favorisant l’EP et limitant l’EW, ainsi qu’aux facteurs pouvant influencer cette aptitude.
Objectif Evaluer la capacité des psychiatres à transmettre spontanément aux journalistes des informations basées sur les recommandations de l’OMS lorsqu’ils sont sollicités par ces derniers sur le suicide, en fonction de leur rapport aux médias et aux journalistes.
Méthode Des psychiatres et internes en psychiatrie ont été recrutés lors de plusieurs congrès nationaux de psychiatrie. Ils ont d’abord répondu à un auto-questionnaire, explorant leur expérience de contact avec les journalistes, leur degré de satisfaction quant à cette expérience, et leur représentation des médias et des journalistes. Ils ont ensuite participé à une mise en situation ayant pour objectif d’évaluer leur propension à délivrer spontanément des informations se basant sur les recommandations de l’OMS. Leurs réponses ont été enregistrées, et analysées selon 33 items issus des recommandations [3].
Résultats Les psychiatres délivraient rarement des informations permettant un traitement médiatique plus responsable du suicide. Le nombre d’item cités était positivement corrélé au score d’estime et de confiance en les médias. Les psychiatres ayant eu une expérience antérieure satisfaisante avec les journalistes délivraient significativement plus de conseils que ceux ayant eu une expérience négative, ou aucune expérience.
Conclusion Les difficultés des psychiatres à citer spontanément les recommandations de l’OMS, et ce d’autant plus qu’ils entretiennent un rapport de défiance envers les médias et journalistes, démontrent l’intérêt de la mise en place d’un travail de sensibilisation et de formation des psychiatres sur la communication auprès des journalistes, afin de guider ces derniers vers un traitement médiatique plus responsable du suicide.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Werther, Papageno, Suicide, Psychiatre, Prévention, Journalistes
Vol 1 - N° S
P. S169 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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