Les questions relatives à la religiosité et à la spiritualité dans le champ de l’odontologie commencent à être pleinement considérées. Cet article propose de dresser un panorama de l’état des connaissances sur les liens entre odontologie et spiritualité/religiosité. Une première partie porte sur le patient, avec une description des effets potentiels de la spiritualité/religiosité sur la santé bucco-dentaire : rites et préceptes impactant directement la santé bucco-dentaire, évocation des « dentisteries alternatives » et rôle du tissu social religieux dans l’accès aux soins bucco-dentaires. Une deuxième partie traite du chirurgien-dentiste, avec une discussion sur les possibles effets de la religiosité/spiritualité sur sa qualité de vie, et l’existence de réseaux dentaires religieux à visée professionnelle. Enfin, une troisième partie, axée sur la relation de soins, présente le concept de « compétence religieuse » permettant au chirurgien-dentiste d’adapter sa pratique en fonction de la religion de ses patients : adaptation des prescriptions et matériaux, adaptation de l’agenda thérapeutique, adaptation de l’attitude. Finalement, une rencontre réussie entre laïcité et respect des religions consiste à pratiquer une approche centrée sur la personne, en structurant la relation de soin autour de la confiance, le respect, le dialogue et surtout la volonté mutuelle d’aboutir.

Issues relating to religiosity and spirituality in the field of dentistry are now fully considered. This article provides an overview of the state of knowledge on the links between dentistry and spirituality/religiosity. The first part focuses on the patient, with a description of the potential effects of spirituality/religiosity on oral health: rites and precepts that directly impact oral health, “alternative dentistries” and the role of the religious social support in access to oral health care. A second part deals with the dentist, with a discussion on the possible effects of religiosity/spirituality on his quality of life, and the existence of religious dental networks for professional purposes. Finally, a third part focusing on the relationship of care presents the concept of “religious competence”, allowing dentists to adapt their practice according to the religion of their patients: adaptation of prescriptions and materials, adaptation of the therapeutic agenda, adaptation of the professional attitude. Finally, a successful encounter between secularism and respect for religions consists in adopting a person-centred approach, structuring the care relationship around trust, respect, dialogue and, above all, the shared will to succeed.