Les personnes atteintes de certaines maladies chroniques ont plus de risques de développer des maladies buccodentaires. Cela ne se traduit pas par un recours plus important au dentiste. Les deux objectifs de notre étude sont (1) d’estimer l’effet de l’absence de soins médicaux ou dentaires sur les consommations de ces soins à 4 ans et (2) d’observer si ces effets sont différents chez les personnes ayant une maladie chronique et dans la population générale.

Cette étude longitudinale exploite les données de consommation de soins de l’Assurance maladie et les données de l’enquête santé et protection sociale sur le statut socioéconomique et l’état de santé déclaré des enquêtés. Nous avons suivi l’évolution des consommations de soins médicaux et dentaires et étudié les relations entre le recours initial, l’état de santé et la dépense de santé à quatre ans.

L’absence initiale de soin médical ou dentaire entraîne par la suite des comportements de consommation de soins irréguliers. Ces effets sont plus importants chez les personnes ayant une maladie chronique. Chez les personnes ayant une maladie chronique et en cas d’absence de soin médical à T 0, les dépenses de soins dentaires à quatre ans sont inférieures de 77 % à celles des personnes malades chroniques ayant consulté un médecin à T 0. Cette différence n’est que de 15 % pour les personnes en population générale. Les personnes malades chroniques qui n’ont pas consulté de médecin en 2010 présentent une très grande variation de leurs dépenses moyennes en soins dentaires sur les trois années suivantes, avec un taux de variation de 91 %. Ce taux n’est que de 42 % pour la population générale.

L’absence de recours aux soins médicaux ou dentaires en 2010 des personnes atteintes de maladies chroniques n’entraîne pas de hausse de la consommation des soins médicaux et dentaires à quatre ans. Elle n’est donc pas rattrapée en quatre ans. Cela souligne un problème de suivi et de marginalisation de cette population par rapport au système de soins.

People with chronic disease often have dental (especially periodontal) disorders. Nevertheless, people with chronic disease seek dental care less often than others. We wanted to know if there is a relationship between the consumption of medical care and the consumption of dental care, and if so if the relationship is especially strong for people with chronic disease.

We conducted a longitudinal study that combined two data-sets: consumption data from the French National Health Insurance Fund and health and socioeconomic welfare data collected with a dedicated national survey. We studied healthcare expenditure and analyzed the association between healthcare consumption, health status and healthcare expenditure over a four-year period (2010–2013).

People who did not seek medical or dental care in 2010 exhibited irregular consumer behavior thereafter. This pattern was particularly evident among those with chronic disease whose healthcare expenditures did not stabilize during the study period compared with the rest of the study population. Among people who did not seek medical care in 2010, variation in average dental care expenditure was 91% in people with chronic disease versus 42% for those without chronic disease. Lack of medical care during the first year of the study was also associated with greater expenditure-delay in people with chronic disease (77%) compared with 15% in people without chronic disease.

The lack of medical or dental care in 2010 for people with chronic disease did not lead to an increase in medical and dental consumption in the following years. The catch-up delay was longer than four years. This highlights a problem of monitoring and identifies a marginalized population within the healthcare system.