Les modalités de surveillance après traitement curatif des stades II et III du cancer colorectal (CCR) non métastatique reposent en France sur les recommandations d’experts du Thésaurus national de cancérologie digestive (TNCD) : un examen radiologique abdominal tous les trois mois pendant trois ans puis tous les six mois pendant deux ans et un examen thoracique une fois par an pendant cinq ans. L’objectif de notre étude était de décrire l’évolution de la surveillance de ces patients sur la période des cinq ans.

Les cas incidents de CCR non métastatique, traités chirurgicalement en 2013, avec chimiothérapie adjuvante, et bénéficiant du régime général ou SLM de l’Assurance maladie, constituaient la population d’étude. Les patients décédés ou avec récidive(s) précoce ont été exclus. Les patients ont été classés en trois groupes de surveillance en fonction de l’intensité de la surveillance radiologique définie sur la première année de suivi : légère si aucune imagerie thoracique ou moins de deux abdominales ; intensive si plus d’une thoracique ou quatre abdominales ; en accord avec les recommandations pour les autres situations.

Parmi les 15 841 cas incidents en 2013, 3536 patients avec chimiothérapie adjuvante (22,3 %) ont été identifiés (âge moyen 70 ans SD, sexe ratio H/F=1,1) dont 23 % de localisation rectale. La surveillance radiologique à un an de suivi était pour 21,1 % en accord avec les recommandations, 72,1 % légère et 6,9 % intensive. A partir de trois ans de suivi, tous les patients ayant initialement une surveillance légère basculaient dans le groupe des recommandations. Pour les patients avec surveillance intensive la première année, 21,1 % conservaient une surveillance intensive à trois ans, et 10,7 % à cinq ans.

Ces premiers résultats descriptifs témoignent d’une hétérogénéité dans le suivi des recommandations de surveillance radiologique des patients traités chirurgicalement pour un CCR. Malgré le sous codage probable des actes de radiologie, le nombre de patients bénéficiant d’examens radiologiques non pertinents reste important, engendrant en parallèle un cout non négligeable pour la société.