Les systèmes de soins actuels demeurent soumis à des risques d’erreurs qui peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les patients. Comprendre la variation des résultats chirurgicaux et comment dispenser des soins sûrs est impératif pour leur amélioration.

Nous avons mené un essai randomisé en cluster dans 40 hôpitaux français pour évaluer l’impact de la mise en place d’un suivi prospectif des résultats chirurgicaux avec retour régulier aux équipes de bloc. Suite à un état des lieux (2014–2015), les hôpitaux ont été répartis de manière aléatoire pour bénéficier ou non des cartes de contrôle (2017–2018). Le critère principal était un composite d’évènements indésirables graves dans les 30jours suivant la chirurgie extrait du PMSI. Nous avons estimé le ratio des odds ratios (ROR) pour comparer l’évolution des résultats chirurgicaux entre les hôpitaux des groupes intervention et contrôle en ajustant sur les caractéristiques des patients.

Parmi 159 688 patients opérés, 155 362 (97,3 %) ont été inclus dans l’analyse. Une réduction significative d’évènements indésirables graves a suivi la mise en place des cartes de contrôle dans les hôpitaux intervention versus contrôle (ROR : 0,89 ; IC95 % : 0,83 à 0,96 ; p=0,001). Les mêmes tendances étaient observées concernant les décès des patients (0,84 ; 0,71 à 0,99 ; p=0,042), leur passage en réanimation (0,85 ; 0,76 à 0,94 ; p=0,001) et leur réopération (0,91 ; 0,82 à 1,00 ; p=0,056).

La mise en œuvre de cartes de contrôle avec retour régulier aux équipes de bloc sur leurs résultats était associée à une réduction de la morbi-mortalité des patients en chirurgie digestive.