Différents degrés de sensibilité aux hormones thyroïdiennes - 08/02/20
Different grades of sensitivity to thyroid hormones
Résumé |
Il est commun d’établir le diagnostic des dysfonctions thyroïdiennes sur des modifications de la thyrostimuline hypophysaire (TSH), et de les quantifier par le degré d’abaissement ou d’augmentation des concentrations de T4 et de T3 circulantes. Cette conception est mise en défaut lorsque des facteurs génétiques, voire pharmacologiques, déterminent des altérations de la sensibilité tissulaire à l’action des iodothyronines. La situation la moins rare est celle d’états de sécrétion inappropriée de TSH, responsables d’hyperhormonémie thyroïdienne familiale sans que ne s’expriment clairement de manifestations thyrotoxiques, en raison de la résistance des récepteurs bêta des iodothyronines. Les mutations du récepteur alpha sont responsables de sévères modifications du morphotype osseux et du comportement, alors que les concentrations de T4 et T3 et de TSH sont pratiquement normales, mais comportent une subtile majoration du rapport T3/T4. Le transporteur MCT8 est impliqué dans la pénétration de la T3 dans les structures fines neuronales ; des mutations de MCT8 ont permis de comprendre les états de déficience intellectuelle sévère liés à l’X correspondant à l’entité traditionnelle du syndrome d’Allan-Herndon-Dudley. D’autres situations résultant d’un défaut d’activation de T4 en T3, se révèlent par des retards de croissance et du développement intellectuel, des atteintes myopathiques, un déficit immunitaire, une azoospermie. Il existe aussi des états d’hypersensibilité aux hormones thyroïdiennes. Il faut apprendre à reconnaître ces situations dont la présentation clinique et/ou hormonale n’évoque a priori nullement un désordre thyroïdien. Il apparaît qu’elles ont des correspondances pharmacologiques et environnementales, notamment avec l’amiodarone, la dronédarone et certains perturbateurs endocriniens. Les pathologies liées aux modifications de la sensibilité hormonale élargissent considérablement le champ traditionnel de l’endocrinologie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Thyroid dysfunctions diagnosis is commonly based on changes of serum thyroid-stimulating hormone (TSH), and quantified by measuring the degree of reduction or rise of circulating T4 and T3 levels. This conception proves defective when genetic or pharmacological factors modify tissue sensitivity to iodothyronines. The less rare situation is familial inappropriate secretion of TSH related to resistance of bêta-receptors of iodothyronines, which enhances thyroid hormone levels with no clear evidence of thyrotoxic symptoms. Mutations of the α receptor determine severe changes in bone morphotype and behavior, whereas T4 and T3 and TSH concentrations are nearly normal, but with a subtle increase in the T3/T4 ratio. The MCT8 transporter is involved in uptake of T3 into neuronal structures; MCT8 mutations explain the severe X-linked intellectual disability corresponding to the classical Allan-Herndon-Dudley syndrome. A lack of activation of T4 to T3 can be revealed by growth delays, debility, myopathic disorders, immunodeficiency, azoospermia… States of acquired or congenital hypersensitivity to thyroid hormones have also been described. These rare instances have now to be recognized, even if clinical and/or hormonal presentations a priori do note evoke a thyroid disorder. It appears that they have pharmacological and environmental counterparts, especially with amiodarone, dronedarone and some endocrine disruptors. Pathologies related to changes in hormonal sensitivity greatly expand the traditional field of endocrinology.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Récepteurs des hormones thyroïdiennes, Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes, Hypersensibilité aux hormones thyroïdiennes, MCT8, Syndrome d’Allan-Herndon-Dudley, Amiodarone, Dronédarone, Perturbateurs endocriniens
Keywords : Thyroid hormone receptors, Resistance to thyroid hormone, Hypersensitivity to thyroid hormone, MCT8, Allan-Herndon-Dudley syndrome, Amiodarone, Dronedarone, Endocrine disruptors
Plan
☆ | Séance du 12 novembre 2019. |
Vol 204 - N° 2
P. 186-197 - février 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.