Peut-on arrêter le tocilizumab au cours de l’artérite à cellules géantes ? Données issues d’une cohorte rétrospective multicentrique de 43 patients - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
L’efficacité du tocilizumab (TCZ) dans l’artérite à cellules géantes (ACG) est démontrée dans deux essais randomisés, permettant de réduire le risque de rechute et de diminuer les doses de corticoïdes (CS). Il est recommandé en cas de corticorésistance, de rechute ou d’épargne cortisonique nécessaire [1 ]. Il n’existe néanmoins aucune recommandation concernant la durée de traitement et les modalités d’arrêt. D’autre part, la toxicité du TCZ chez les patients atteints d’ACG pourrait être plus importante que dans la polyarthrite rhumatoïde.
L’objectif de notre étude était d’évaluer, en vraie vie, dans une cohorte rétrospective multicentrique de patients traités par TCZ pour une ACG ou une aortite primitive (AP), le risque de rechute sous traitement et après interruption, l’évolution des doses de CS et la survenue d’effets secondaires.
Patients et méthodes |
Les patients pour lesquels un traitement par TCZ a été initié dans le cadre d’une ACG et/ou d’une AP depuis le 01/01/2012 ont été identifiés. Ils devaient être âgés de plus de 50 ans et répondre aux critères de l’American College of Rhumatology définissant l’ACG, ou présenter une AP. Le recueil d’informations a été réalisé à partir d’une fiche informatisée préétablie avant le début de l’étude. Les données ont été recueillies au diagnostic initial, lors de la première phase thérapeutique sous CS, à l’introduction du TCZ et lors de la deuxième phase thérapeutique après introduction du TCZ. La rechute était définie par la survenue d’une manifestation clinique ou d’un syndrome inflammatoire en lien avec la maladie justifiant une intensification thérapeutique.
Résultats |
Trente-sept ACG dont 22/29 (76 %) présentaient une BAT positive et 6 AP étaient inclues dans l’étude, où les diagnostics s’échelonnaient de mai 2007 à janvier 2019. La moyenne d’âge était de 74 ans [IQR : 67–81]. La durée médiane sous CS avant TCZ était de 511jours [IQR : 143–1292] et la dose cumulée médiane de CS de 9,6g [IQR : 8,3–13,2]. Respectivement 26, 21 et 11 patients sur 43 recevaient des doses de CS<10mg/j, ≤5mg/j, ou parvenaient au sevrage complet en corticoïdes avant l’introduction du TCZ. Trente-quatre sur 43 (79 %) présentaient de une à cinq rechutes avant l’introduction du TCZ (médiane=2 [IQR : 1–3]), qui survenaient en moyenne à 11mg/j de CS. Vingt-six sur 43 (61 %) ont reçu du méthotrexate avant le TCZ. L’introduction du TCZ était motivée par une corticodépendance chez 32/43 patients (74 %), une toxicité de la corticothérapie pour 7/43 (16 %), et une prévention des effets indésirables de la corticothérapie pour 4/43 (10 %). Le suivi après introduction du TCZ était de 109 personnes-années avec une médiane de 776jours (IQR : 556–1436). La dose cumulée médiane de CS était de 4,1g [IQR : 2,1–5,3]. Parmi les 28 patients qui recevaient encore des doses de CS ≥10mg/j avant TCZ, 28/28 (100 %) arrivaient à diminuer la corticothérapie<10mg/j sous TCZ et 27/43 arrivaient au sevrage complet en CS. Après introduction du TCZ, une rechute était notée chez 26/43 (60 %) patients, dont 13 sous TCZ (3 rechutes majeures) et 13 après arrêt du TCZ (4 rechutes majeures). La dose médiane de CS à la rechute était de 4mg [IQR : 0–5]. Parmi les 29/43 patients ayant arrêté le TCZ après une durée médiane de 352jours d’utilisation [IQR : 219–507], 15 (52 %) ont nécessité la reprise du TCZ pour rechute, dont deux pour rechute majeure. Le délai médian avant une première rechute après arrêt du TCZ était de 110jours [IQR : 78–166]. Sous TCZ, 10/43 (22 %) des patients ont présenté au moins un effet secondaire grave, incluant 7/43 (16 %) infections graves, dont 4 sont décédés.
Conclusion |
Bien que nos résultats confirment une capacité d’épargne cortisonique notable du TCZ, il ne permet une rémission prolongée après arrêt du traitement que chez moins de un patient sur deux. Une attention doit être portée quant à la tolérance de ce traitement dans cette population âgée et lourdement prétraitée.
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Vol 40 - N° S2
P. A69-A70 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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