Toxicité des immunothérapies anticancéreuses chez les survivants long terme - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
Depuis l’autorisation, en 2011, de l’ipilimumab comme traitement dans le mélanome métastatique, des nombreux « immune checkpoint inhibitors » (ICIs) ont été développés et leur utilisation est de plus en plus large dans le domaine de l’oncologie. Les réactions adverses immunologiques (RAI) sont connues et des protocoles thérapeutiques pour chaque système/organe ont été développés. Du fait de taux de réponses élevés aux ICI, un nombre croissant de patients survit de manière prolongée grâce à ces traitements. Une nouvelle catégorie des patients est donc en train d’apparaître : « survivants à long terme » (SLT), et leur prise en charge est, pour le moment, inconnue. La question de survenue tardive de RAI à distance de l’arrêt de l’ICI se pose. En effet, commencent à être rapportés des cas de RAI après arrêt des ICIs. L’objectif de ce travail est de rechercher des RAI méconnus dans un groupe de patients SLT.
Patients et méthodes |
Des patients adultes, traités dans un centre anticancéreux entre 2013 et 2017, ayant reçu la première perfusion minimum 2 ans avant la consultation, ont été inclus. Une évaluation clinique et paraclinique a été réalisée dans un service de médecine Interne. L’évaluation paraclinique a inclus des examens biologiques (hémogramme, étude de la fonction rénale, ionogramme, bilan hépatique, bilan lipidique, BNP, CPK, phénotypage lymphocytaire, anticorps antinucléaires, électrophorèse des protides, bilan endocrinien, bandelette urinaire), des explorations cardiaques (électrocardiogramme, échocardiographie), pulmonaires (explorations fonctionnelles respiratoires), un fibroscan à la recherche d’une fibrose hépatique Les patients ont eu par ailleurs une évaluation neuropsychologique.
Résultats |
Seize patients (4 femmes et 12 hommes), avec un âge moyen de 58 ans, ont été inclus. Dix patients avaient un mélanome, 5 patients avaient une néoplasie pulmonaire et un patient avait un carcinome rénal. Les ICIs reçus étaient : ipilimumab (n=6), un anti-PD-1 (n=12) et un anti-PD-L1 (n=3). Certains patients ont reçu deux ICIs, voire trois. Six patients ont reçu une chimiothérapie et cinq une thérapie ciblée antérieurement. Neuf patients ont eu des RAI de grade 2 ou plus pendant le traitement avec ICIs et cinq d’entre eux ont eu plus d’un système/organe atteint. Cinq patients ont reçu des corticoïdes dans le cadre du traitement des RAI. Neuf patients étaient en réponse complète lors de l’arrêt de l’ICI. Quatre patients recevaient toujours l’ICI.
Le performance statuts des patients évalués était compris entre 0–1. Des symptômes étaient signalés lors de la visite par 13 patients, dix d’entre eux déclarant avoir plus de deux symptômes. Les symptômes étaient : atteinte cutanée (n=8), dyspnée (n=5), myalgies/arthralgies (n=5). Deux patients étaient sous traitement morphinique. Un patient a été diagnostiqué avec une insuffisance surrénalienne, non diagnostiquée préalablement. Cinq patients avaient un ECG anormal, anomalie inconnue auparavant chez trois d’entre eux. Chez ces 5 patients, il n’y avait pas d’anomalie biologique ou échocardiographique. Un patient avait un dosage de BNP élevé, sans expression clinique ou paraclinique. L’évaluation par fibroscan retrouvait un score F2 pour un patient et un score F1 pour cinq patients.
Conclusion |
Les patients SLT restent symptomatiques pour la majorité. Des évaluations régulières par un interniste ou un spécialiste d’organe doivent être prévues en particulier pour surveiller les axes endocriniens. Une toxicité cardiaque tardive semble possible et justifie des investigations plus poussées, actuellement en cours chez ces patients.
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Vol 40 - N° S2
P. A35-A36 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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