Douleur et fatigue chroniques (fibromyalgie, Sjögren et autres) : évaluation qualitative objective de l’effet de la sophrologie sur le ressenti des patients. Étude pilote interventionnelle sur 10 cas - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
Entre pathologies auto-immunes, auto-inflammatoires chroniques et autres, les consultations de médecine interne sont investies par des patients douloureux ou fatigués chroniques pour lesquels les recours thérapeutiques classiques sont limités. Afin de pouvoir proposer d’autres prises en charge à ces patients en souffrance, nous avons testé l’effet d’une prise en charge sophrologique en parallèle avec la prise en charge « classique » sur le ressenti de la douleur chronique. La sophrologie choisie pour sa diversité, en référence à ses nombreuses influences (hypnose, imagerie mentale, yoga, relaxation progressive de Jacobson…), permet d’adapter une large gamme d’exercices en fonction des patients, des troubles somatiques présentés et de l’intérêt pour les méthodes psychocorporelles.
Patients et méthodes |
Tous les patients adressés par un senior de médecine interne pour prise en charge d’une plainte douloureuse chronique altérant la vie quotidienne ont été inclus entre janvier et juin 2019. Étaient exclus les patients refusant toute technique mentale, la non-maîtrise de la langue française, toute maladie psychiatrique et enfin toute autre pathologie organique telle que des maladies neurologiques ou cancéreuses. Les patients ne prenaient pas de traitement médicamenteux antalgique lors de la séance thérapeutique. Ils étaient informés oralement et par écrit de l’intérêt de la sophrologie sur la douleur, ainsi que de la visée expérimentale recherchée. Un auto-questionnaire (Auto-questionnaire de Saint-Antoine) évaluait en début et fin de séance sur une échelle quantitative de 0 à 4 les manifestations en type (lourdeur, fourmillement, brûlure, décharge électrique, tiraillement, élancement, coups de poignards, en étau) et en intensité (obsédante, exaspérante, angoissante, épuisante, énervante insupportable). Les patients participaient à une séance individuelle de sophrologie, animée par le psychologue diplômé de sophrologie. Celle-ci se déroulait suivant un protocole standardisé, et duraient 1 H. La séance commençait par un point d’anamnèse pour apprécier le vécu douloureux, ainsi que les ressources de la patiente, afin de choisir et personnaliser les exercices. S’en suivaient plusieurs exercices de relaxation dynamiques courts, inspirés de techniques de respirations et de décontraction musculaire, pour finir sur un exercice de sophronisation, basé sur l’hypnose, où le patient est confortablement installé, écoutant le récit du professionnel. Un suivi leur était par la suite proposé.
Résultats |
Dix patients(es) ont été pris en charge pour douleurs chroniques, les diagnostics retenus étaient arthrose, lupus, maladie de Still, fibromyalgie… En début de prise en charge, les patients décrivaient des sensations de fourmillements (8/10), de brûlure (7/10), tiraillement (6/10). La moitié ressentait des sensations d’élancements, ainsi que des coups de poignard allant d’un palier faible à fort. Les patients décrivaient majoritairement la douleur comme insupportable (7/10), épuisante, exaspérante et angoissant (6/10), obsédante pour 5. Après la prise en charge, les 10 patients ont ressenti une diminution globale de leurs douleurs, de façon variable. Les sensations de lourdeur ont diminué pour toutes d’au minimum deux paliers, pouvant alors aller jusqu’à disparaître (3/8). Idem pour les fourmillements, les sensations de brûlure. Les sensations de coups de poignard ont diminué pour tous de façon significative, ne dépassant plus le palier léger (3/6), allant même jusqu’à disparaître (3/6). L’aspect insupportable a diminué pour tous, ne dépassant plus le stade léger (3/7), allant même jusqu’à disparaître (3/7). De même pour l’épuisement qui devient majoritairement léger (3/6), allant jusqu’à disparaître (2/6). Les diminutions les plus notables amenant à une disparition complète en grande majorité, concernant l’aspect angoissant (5/6), exaspérant (5/6), énervant (5/6), mais aussi l’aspect obsédant (3/5). On constatait pour tous les patients une diminution qualitative de l’intensité de la douleur, ainsi qu’une disparition des conséquences psychologiques dans la majorité des cas, et ce, dès la fin de la première séance. D’autre part, l’ensemble des patients a exprimé une amélioration de leur état général. Les effets thérapeutiques décrits par les patientes ont finalement dépassé le seul domaine du soulagement de la douleur. Ils ont notamment évoqué des critères physiologiques relatifs à un état de détente.
Conclusion |
Nous avons évalué de façon qualitative non contrôlée, l’efficacité de la sophrologie dans le traitement de la douleur chronique de patients de consultation de médecine interne. L’ensemble des résultats laisse apparaître une diminution importante des sensations douloureuses et de leur retentissement. L’évaluation à distance du retentissement sur la qualité de vie, la consommation de soins est nécessaire de même qu’une étude contrôlée.
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Vol 40 - N° S2
P. A31-A32 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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