Défaillance multiviscérale et bactériémie à Pasteurella multocida chez un patient sous anti-TNFalpha - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
Pasteurella multocida, coccobacille Gram négatif, naturellement présent dans la cavité buccale des chats et chiens, peut être responsable chez l’Homme d’infections des parties molles après inoculation par griffure ou morsure.
Chez l’immunodéprimé, cette bactérie peut également être responsable d’infections disséminées potentiellement très graves mais aucun cas de pneumopathie à P. multocida chez un patient sous anti-TNFa n’a été rapporté dans la littérature.
Observation |
Un homme de 68 ans, sous adalimumab et méthotrexate pour une polyarthrite rhumatoïde, consulte aux urgences pour fièvre, douleurs abdominales et vomissements depuis 24h. Il présente une désaturation à 89 % avec polypnée à 30/min, des ronchi bilatéraux à l’auscultation.
La radiographie puis le scanner thoracique révèlent une pleuropneumopathie du lobe inférieur droit.
La gazométrie artérielle met en évidence une hypoxémie à 64mmHg et une hyperlactatémie à 4mmol/L.
L’évolution est rapidement défavorable avec défaillance multiviscérale et le patient est intubé puis hospitalisé en réanimation sous cefotaxime+spiramycine IV.
P. multocida est identifiée sur plusieurs hémocultures et le cefotaxime est relayé par amoxicilline pour une durée totale de 7jours.
Une récidive fébrile motive la réalisation d’une TDM thoracique qui montre un aspect de pneumonie nécrosante. L’amoxicilline IV est reprise et poursuivie pour une durée totale de 3 semaines avec évolution favorable.
Discussion |
Selon les données de la littérature, dans 16 à 31 % des Pasteurelloses aucune morsure ou griffure animalière n’est rapportée, comme dans notre cas. Deux hypothèses sont formulées : une transmission par contact cutanéomuqueux avec les sécrétions de l’animal, voire une transmission interhumaine pour certains auteurs.
Le groupe multidisciplinaire français (RATIO) a répertorié 167 cas d’infections opportunistes apparues chez les patients sous anti-TNFa sur une période de trois ans (2004–2007) mais aucune pasteurellose sous anti-TNFa n’a été rapportée.
Les atteintes pulmonaires de la pasteurellose surviennent dans la majorité des cas chez des patients avec antécédent de pathologie bronchopulmonaire chronique : bronchopneumopathie chronique obstructive, dilatation des bronches, fibrose pulmonaire, voire cancer pulmonaire.
L’imagerie thoracique peut montrer une atteinte lobaire unique, multilobaire (souvent bi-basale), ou diffuse ; des épanchements pleuraux et des empyèmes sont également décrits.
Le décès survient dans 36 % des cas environ.
Bien que de rares souches produisent des bêtalactamases, la pénicilline reste, après vérification de la CMI, le traitement de choix du fait de son efficacité, de sa bonne tolérance, du degré d’absorption satisfaisant et de son faible coût.
Conclusion |
P. multocida peut être responsable d’infections graves chez l’immunodéprimé, avec défaillance multiviscérale. Il n’y a aucune recommandation quant au traitement des pasteurelloses pulmonaires mais la pénicilline semble le meilleur choix.
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Vol 40 - N° S2
P. A205 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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