L’interruption qui fait tâche - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
En 2016 était publié un guide sur les interruptions de tâche (IT) par la Haute Autorité de santé (HAS) en tant qu’outil de sécurisation du circuit des médicaments, l’IT étant un facteur contributif d’erreurs médicamenteuses, et donc une situation à risque pour le patient, alors qu’elles sont socialement perçues comme un fonctionnement normal.
Matériels et méthodes |
Dans un service de médecine interne polyvalente a été réalisée une étude prospective quantitative observationnelle en trois phases :
– première phase d’observation des soignants (infirmières [IDE] et aides-soignantes [AS]) et médecins (seniors et internes) à des moments-clés de la prise en charge médicamenteuse des patients, avec recueil des caractéristiques de l’IT (circonstances, « interrupteur », motif, gravité, durée) ;
– élaboration d’axes d’amélioration par l’équipe médicale et paramédicale du service ;
– deuxième phase d’observation (avec même données recueillies) afin d’évaluer le retentissement des actions.
Résultats |
Première phase : 493 IT ont été relevées sur 47 temps d’observation (91,5heures).
Les IDE étaient les plus interrompues (7,2 IT par heure, en particulier lors de la préparation du pilulier : 13 IT/h), puis les seniors (5,2 IT/h ; en particulier lors de la contre-visite : 7,2 IT/h), les AS (4,1 IT/h) et les internes (3,9 IT/h ; surtout lors de la contre-visite : 5,7 IT/h).
La majeure partie des IT étaient « physiques » (84 % pour les IDE, 94 % pour les AS, 89 % pour les seniors et 100 % pour les internes) et induites par des tiers professionnels (64 % pour les IDE, 61 % pour les AS, 68 % pour les seniors, 77 % pour les internes).
Les deux principaux motifs d’IT étaient la recherche d’information et l’apport d’information (42 % et 20 % respectivement pour les IDE, 44 % et 15 % pour les AS, 34 % et 40 % pour les seniors et 58 % et 23 % pour les internes). Les discussions personnelles étaient aussi un motif notable d’IT (16 % pour les IDE, 9 % pour les AS, 10 % pour les seniors, 11 % pour les internes).
Les axes d’amélioration ont été les suivants :
– point quotidien de 17h entre médecins et soignants ;
– guide d’accueil des internes et des externes ;
– paravent d’« invisibilité » ;
– vérification systématique à l’arrivée du dossier informatique par les AS ;
– meilleure lisibilité de la pancarte et relais du téléphone pour la préparation des piluliers ;
– familles : personne référente, informations selon champ de compétence, secrétariat pour prise de rendez-vous ;
– sensibilisation avec présentation des résultats.
Deuxième phase, 478 IT ont été relevées sur 49 temps d’observation (97,5heures).
Les IDE étaient moins interrompues (−27 %, en particulier lors de la préparation du pilulier : 7,1 IT/h, soit −54 %), de même que les internes (−9 %), en particulier lors de la contre-visite : −51 %. Les seniors avaient un nombre d’IT augmenté (+12 %) malgré une nette diminution des IT de la contre-visite (−56 %), de même que les AS (4,45 IT/h : +9 %, en particulier sur le quart du soir [4,7 IT/h : +24 %]).
Les IT induites par les tiers professionnels étaient moindres pour les IDE (−30 %), augmentées pour les seniors et les AS (+31 % et +10 % respectivement) et stables pour les internes.
Les IT liées aux discussions personnelles diminuaient nettement (−94 % pour les IDE, −86 % pour les AS, −100 % pour les seniors, −48 % pour les internes).
Les IT non urgentes étaient diminuées (−58 % pour les IDE, −34 % pour les seniors, −60 % pour les internes), et discrètement augmentées pour les AS (+10 %).
La perte de temps totale générée par les IT était globalement en diminution pour les IDE (−12 %) et les seniors (−10 %), mais en augmentation pour les AS (+10 %) et les internes (+52 %).
Conclusion |
Les IT sont fréquentes et banalisées, notamment lors de la préparation des piluliers. Les mesures correctives mises en place ont permis de limiter certaines IT « évitables », en particulier les discussions personnelles et les IT liées aux familles. Certains moments ont eu une nette amélioration (piluliers, contre-visite), mais d’autres nécessitent encore de trouver d’autres axes d’amélioration.
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Vol 40 - N° S2
P. A128-A129 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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