Effets secondaires sensoriels cutanés du paclitaxel : sensibilisation de canaux ioniques neuronaux dans le contexte épidermique - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Le paclitaxel est une des chimiothérapies les plus utilisées dans le cadre des cancers solides, notamment le sarcome de Kaposi. Les neuropathies périphériques sont des complications fréquentes associés à des symptômes sensoriels neuro-cutanés (prurit, douleur, paresthésies, dysesthésies) et parfois à une baisse de la densité des fibres nerveuses intra-épidermiques. La physiopathologie n’est pas clairement établie. Des données obtenues in vivo suggèrent que l’activation et/ou la sensibilisation des canaux/récepteurs sensoriels jouent un rôle-clé. Le but de cette étude était d’évaluer in vitro la capacité du paclitaxel à sensibiliser les canaux/récepteurs TRPV1, TRPV4, TRPA1, NaV, PAR2 et TRL4 sur un modèle de neurones sensoriels en culture.
Matériel et méthodes |
Les cultures de neurones étaient issues de ganglions extraits des racines dorsales de ratons. Après un pré-traitement (20h) des cultures avec du paclitaxel, son solvant (kolliphor) ou aucun traitement, l’imagerie calcique a été employée pour évaluer la capacité du paclitaxel à moduler la réponse des neurones à chaque agoniste des récepteurs/canaux étudiés. Des expériences d’immunocytochimie et de RT-qPCR ont été réalisées pour mesurer les niveaux d’expression des récepteurs/canaux après exposition au paclitaxel, au solvant ou au témoin sans traitement. Les résultats étaient appariés par expérience et normalisés par rapport au témoin sans traitement avant analyse statistique.
Résultats |
Nos résultats montrent que nos cultures de neurones sensoriels expriment PAR2, TLR4, TRPA1, TRPV1 et TRPV4. Les résultats d’imagerie calcique indiquent que le paclitaxel à 100nM, sans altérer la viabilité cellulaire, augmente le pourcentage de neurones répondant à la capsaïcine (agoniste de TRPV1 ; 141,3 %±41,2) et l’amplitude de cette réponse (1,53 u.a.±0,48 vs contrôle), l’amplitude de la réponse à l’AITC (agoniste de TRPA1 ; 2,00 u.a.±0,10) et le pourcentage de neurones répondant à la vératridine (agoniste des NaV ; 163,7 %±64,9). Le paclitaxel a aussi augmenté l’expression des ARNm de tous les sous-types de NaV, particulièrement NaV1.2 (d’un facteur 1,90±0,52).
Discussion |
Nos cultures de neurones expriment les récepteurs/canaux sensoriels impliqués in vivo dans la neuropathie induite par le paclitaxel. Celui-ci sensibilise à 100nM les canaux TRPA1, TRPV1 et les NaV. La sensibilisation des canaux NaV a été associée à une expression accrue de tous les sous-types de NaV, particulièrement NaV1.2. L’étude de l’influence du paclitaxel sur l’expression des autres récepteurs/canaux sensoriels, et des mécanismes à l’origine de leur sensibilisation, est en cours. Les kératinocytes, qui expriment aussi TRPV1, TRPA1 et NaV pourraient aussi jouer un rôle dans la neuropathie induite par le paclitaxel.
Conclusion |
Le paclitaxel induit des symptômes sensoriels en sensibilisant des canaux ioniques neuronaux, mais peut-être aussi kératinocytaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Neuropathie périphérique, Paclitaxel, Prurit
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A321 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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