Une colite collagène induite par l’immunothérapie - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
L’immunothérapie est une arme thérapeutique efficace contre le mélanome métastatique (MM). La colite auto-immune est un effet indésirable (EI) grave. Nous rapportons un cas de colite collagène (CC) induite par l’immunothérapie, entité rarement décrite.
Observations |
Un patient de 73 ans présentait un MM BRAF muté avec atteinte ganglionnaire, osseuse et pulmonaire traité par nivolumab en 4e ligne de traitement après pembrolizumab, dabrafenib et zelboraf. Lors de sa 24e cure, il présentait de nombreuses selles diarrhéiques cholériformes contre-indiquant le traitement. La rectosigmoïdoscopie montrait une muqueuse saine et l’histologie montrait une muqueuse colique préservée répartie de façon homogène au sein d’un chorion siège d’un infiltrat inflammatoire polymorphe contenant de nombreux plasmocytes. Il existait une membrane basale épaissie avec parfois un dédoublement, confirmé par la coloration au Trichrome vert, en faveur d’une CC. L’introduction de budésonide (9mg par jour) permettait une amélioration de la symptomatologie avec cependant une récidive lors de la diminution à 6mg. Une reprise des diarrhées à la 26e cure a nécessité l’arrêt de l’immunothérapie. Le patient est décédé d’une rupture d’un anévrysme de l’aorte abdominale.
Discussion |
Les EI induits par l’immunothérapie sont fréquents, de l’ordre de 70 % pour les anti-PD-1, avec une atteinte digestive allant du grade 1 au grade 5.
La majorité des colites induites par les anti-PD-1 sont des colites inflammatoires MICI-like. Quelques cas de colites lymphocytaires sont décrits dans la littérature mais seulement un cas de CC a été rapporté par l’équipe de Baroudjian et al.
La CC est une colite microscopique qui associe des diarrhées de type sécrétoire, une muqueuse endoscopiquement normale et une inflammation chronique histologique. L’histologie montre une altération de l’épithélium de surface et un infiltrat inflammatoire de la lamina propria constitué de lympho-plasmocytes, polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. La coloration au trichrome confirme l’épaississement de la bande collagène sous épithéliale.
Les causes principales des colites microscopiques sont médicamenteuses, infectieuses, dysimmunitaires. Le traitement consiste à arrêter les médicaments imputables et à traiter par des anti-diarrhéiques, du cholestyramine ou du budésonide du fait d’une bonne efficacité décrite dans la littérature. Le budésonide est un anti-inflammatoire stéroïdien avec peu d’effet systémique permettant une épargne cortisonique. Son activité plus forte au niveau du colon explique son efficacité dans la CC.
Dans la littérature, aucune étude ne s’est intéressée à la différence de morbi-mortalité entre CC et colite MICI-like.
Conclusion |
La CC peut être évoquée dans un contexte d’immunothérapie avec muqueuse saine mais doit aussi faire rechercher d’autres causes médicamenteuses. La corticothérapie peut éviter un changement thérapeutique et permettre un contrôle de la symptomatologie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Colite collagène, Effet secondaire, Immunothérapie, Mélanome
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A311 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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