Fasciite nécrosante abdominale secondaire à des auto-injections de produits amincissants achetés sur internet - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Les fasciites nécrosantes (FN) sont des infections de la peau et des tissus mous mettant en jeu le pronostic vital. De rares cas secondaires à des gestes chirurgicaux ou des injections à visée esthétique ont été décrits.
Observation |
Une patiente de 40 ans et son mari s’injectaient dans l’abdomen un produit à base d’hormone de croissance (GH) à visée amincissante acheté sur internet (HGH frag 176-191 5mg). Le produit en poudre était recomposé par le couple dans du sérum physiologique. Quinze jours après le début des injections apparaissait une dermo-hypodermite de l’abdomen. Une tomodensitométrie montrait une infiltration profonde du tissu cellulo-graisseux de la fosse iliaque droite. Une antibiothérapie était initiée par ceftriaxone+métronidazole, relayée par linézolide+pipéracilline/tazobactam+vancomycine devant une aggravation cutanée. Le tableau évoluait vers un choc septique sur FN avec plages de nécrose, hypoesthésie, bulles et zones hyperalgiques. La patiente était transférée pour chirurgie en urgence avec débridement large des tissus nécrotiques jusqu’au muscle grand droit. L’antibiothérapie était poursuivie par pipéracilline/tazobactam (7 j) et linézolide (5 j). Un VAC était posé avant la greffe cutanée, avec évolution favorable. Le mari n’avait présenté que des nodules inflammatoires aux points de ponction, résolutifs à l’arrêt des injections.
Résultats |
Tous les prélèvements infectieux (sous antibiothérapie à j8) étaient négatifs : hémocultures, ponctions sous-cutanées et prélèvements chirurgicaux. Une analyse métagénomique (MetaMIC sur NextSeq-Illumina) des prélèvements cutanés, des ampoules de GH et du sérum physiologique n’a pas trouvé de matériel génétique microbien. L’examen anatomopathologique confirmait le diagnostic. L’analyse par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse du produit injecté a trouvé un fragment peptidique de la GH humaine dépourvu d’activité pharmacologique car non cyclisé.
Discussion |
Des cas de FN ont été décrits à la suite de procédures esthétiques (injections, infiltrations) effectuées par un opérateur entraîné et non par automanipulation. Notre observation souligne l’absence de contrôle et de réglementation sur internet des ventes de produits « de santé », dangereux ici plus par la nécessité d’une qualification pour leur utilisation et leur surveillance (erreur d’asepsie, de technique d’injection…) que par la nature du produit, ici inactif. La « frénésie » sociétale actuelle pour l’esthétique et l’amincissement, la marchandisation des produits de santé avec une concurrence avantageuse sur internet et un « prêt à utiliser » accessible à tous expliquent que des individus ont oublié les risques médicaux élémentaires.
Conclusion |
Ce cas a été déclaré à la pharmacovigilance et une veille sur les dangers, notamment infectieux, liés aux auto-procédures et aux mésusages de certains produits vendus sur internet serait utile.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Fasciite nécrosante, Hormone de croissance
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.440. |
Vol 146 - N° 12S
P. A273 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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