Alternariose cutanée : série de 13 cas - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Les alternarioses sont des phaeohyphomycoses dont la localisation est préférentiellement cutanée ; elles touchent principalement des sujets immunodéprimés.
Observation |
Nous rapportons une série de 13 cas de patients atteints d’alternariose cutanée, vus au CHU de Nantes entre 2008 et 2019. Soixante-neuf pour cent des patients étaient de sexe masculin, avec un âge médian de 57 ans ; 77 % étaient transplantés d’organe et sous immunosuppresseurs : 5 greffes rénales, 3 bi-pulmonaires, 1 pulmonaire, 1 cœur-poumons. Chez ces patients, la durée médiane d’immunosuppression était de 4,4 ans. Parmi les patients non greffés (n=3), nous n’avons pas trouvé de terrain d’immunosuppression pour deux d’entre eux. Cliniquement, les patients présentaient des lésions érythémato-violacées infiltrées, dont la localisation prédominante était les membres inférieurs (n=11). Les autres localisations étaient palatine (n=1) et main droite (n=1). Un patient présentait un nodule tumoral d’évolution rapidement progressive. L’analyse mycologique révélait dans la majorité un champignon filamenteux stérile en culture. Dans 8 cas, l’identification d’espèce, obtenue par PCR permettait d’identifier Alternaria infectoria. Onze patients ont bénéficié d’un traitement par antifongique systémique (azolé), un autre a eu un traitement par antifongique local et terbinafine orale pour une co-infection à dermatophyte, un patient n’a pas eu de traitement. Quatre patients ont bénéficié d’un traitement chirurgical associé à l’antifongique systémique. Onze patients étaient en rémission complète et 2 en rémission partielle après une médiane de suivi de 8,8 mois.
Discussion |
À notre connaissance, nous rapportons la plus grande série française d’alternarioses cutanée. Alternaria spp. est un champignon ubiquitaire dont l’inoculation est en général post-traumatique (contact avec le sol, activité de jardinage). La PCR trouvait dans 61 % des cas l’espèce Alternaria infectoria qui est, avec Alternaria alternata, l’espèce la plus fréquemment impliquée. Dans notre cohorte, la présentation clinique n’était pas stéréotypée, allant du simple nodule à la masse tumorale en passant par l’atteinte muqueuse de l’immunocompétent. Le traitement des alternarioses cutanées n’est pas consensuel mais fait le plus souvent appel aux triazolés. En cas de lésion unique, c’est la chirurgie associée au traitement antifongique qui est recommandée pour éviter les récidives. Les antifongiques sont à manier avec précaution chez les sujets sous immunosuppresseurs en raison de l’inhibition du CYP3A4, posant le problème des interactions médicamenteuses.
Conclusion |
L’alternariose cutanée est une affection rare qu’il faut évoquer chez les sujets immunodéprimés. Les stratégies thérapeutiques restent variables et non encore codifiées.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Alternariose cutanée, Immunodépression, Transplantation d’organe
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.429. |
Vol 146 - N° 12S
P. A267-A268 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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