Diabète de type I apparu sous brentuximab védotin chez une patiente traitée pour un mycosis fongoïde - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Le brentuximab vedotin (BV) est un anticorps anti-CD30 couplé à un poison du fuseau. Il est indiqué dans les lymphomes T cutanés CD30+. Nous rapportons le premier cas de diabète de type I apparu sous BV chez une patiente traitée pour un mycosis fongoïde (MF).
Observation |
Une femme de 78 ans, sans antécédent et sans autre traitement, était suivie pour un MF évoluant depuis 10 ans, successivement traité par photothérapie, méthotrexate, bexarotène et interféron-α. À l’admission dans notre unité, elle présentait un MF stade IIIA (atteinte de plus de 80 % de la surface corporelle sans envahissement ganglionnaire ni sanguin). L’analyse histologique d’une biopsie cutanée constatait un MF transformé CD30+. Un traitement par BV en monothérapie 1,8mg/kg toutes les 3 semaines était débuté permettant une amélioration rapide de l’état cutané. À 4 mois de traitement, la patiente se présentait en urgence pour un syndrome polyuro-polydipsique et une confusion évoluant depuis 3jours. Le bilan biologique mettait en évidence une hyperglycémie>5g/L et une acidocétose. L’historique de tous les bilans biologiques pratiqués avant et depuis l’initiation du BV n’identifiait aucune hyperglycémie avant cet épisode. Les auto-anticorps des diabètes auto-immuns étaient négatifs, l’imagerie pancréatique était normale et il n’y avait pas d’anomalie de l’axe corticotrope. Il n’y avait pas d’autres signes cliniques ou biologiques de maladie auto-immune. Devant la maigreur, la cétose et le mode de déclenchement brutal à un âge avancé, le diagnostic de diabète de type I était posé. Le BV était réintroduit et le diabète était contrôlé sous insuline.
Discussion |
Le BV apporte un bénéfice clinique chez les patients atteints de MF CD30+, avec un « taux de réponse globale pendant au moins 4 mois » de 56 % et une survie sans progression de 9 mois. La neuropathie périphérique est le principal effet indésirable. À notre connaissance, aucune maladie auto-immune n’a été décrite sous BV. Des cas d’hyperglycémie transitoire ont été rapportés dans un essai sur le lymphome de Hodgkin, mais aucune survenue de diabète avec acidocétose n’a été décrite. Une des hypothèses physiopathologiques pourrait être la suivante : les auto-antigènes présents sur les îlots pancréatiques provoquent l’activation et la délétion consécutive de lymphocytes T auto-réactifs par un mécanisme appelé tolérance croisée. Le CD30 exprimé par les lymphocytes T CD8 activés contre les îlots limite leur auto-réactivité. L’inhibition de ce pool de lymphocytes par le BV pourrait créer un déséquilibre de l’homéostasie en faveur d’une réaction lymphocytaire contre les îlots pancréatiques.
Conclusion |
Le BV est un potentiel inducteur de diabète de type I. Son utilisation en « vraie vie » se développe en dermatologie dans des populations plus fragiles que celles des essais cliniques. Nous conseillons donc une surveillance de la glycémie au cours du traitement.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Brentuximab védotin, Diabète de type I, Mycosis fongoïde
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A261 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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