Le terme « hypodermite » désigne histologiquement une inflammation de l’hypoderme. On distingue les hypodermites septales des hypodermites lobulaires, ou panniculites. Nous décrivons ici un cas de panniculite localisée et isolée.

Une femme de 71 ans se présentait en dermatologie pour des placards inflammatoires infiltrés localisés exclusivement à la face antérieure de la cuisse gauche, apparus depuis une semaine. L’état général était conservé. Elle avait pour antécédents un glaucome chronique et un cancer de l’endomètre en rémission. Le diagnostic de panniculite était suspecté et une biopsie cutanée profonde était réalisée. L’analyse histologique mettait en évidence un aspect d’hypodermite lobulaire sans atteinte vasculaire, avec un infiltrat leucocytaire riche en polynucléaires éosinophiles, sans granulome de résorption. Il n’y avait pas d’argument histologique pour un lymphome, une sarcoïdose ou un lupus. Il y avait un syndrome inflammatoire biologique modéré. L’origine réactionnelle était suspectée du fait de l’asymétrie des lésions, qui touchaient uniquement la face antérieure de la cuisse gauche. En reprenant l’interrogatoire, la patiente s’est rappelée avoir réalisé une séance d’ultrasonothérapie pour une tendinite de cuisse gauche, quelques jours avant l’apparition de la panniculite. Le diagnostic de panniculite traumatique aux ultrasons était donc posé. Les lésions ont progressivement régressé sous corticothérapie locale forte.

Les panniculites traumatiques sont de cause physique ou chimique (en particulier après injection de médicaments). Les panniculites traumatiques d’origine physique peuvent être secondaires au froid (panniculite des cavaliers) ou à un traumatisme mineur. L’ultrasonothérapie correspond à l’émission d’impulsions sonores à haute fréquence. Elle utilise les propriétés thermiques et mécaniques des ultrasons, et a des applications en kinésithérapie, urologie, ophtalmologie, oncologie. En kinésithérapie, elle aurait des propriétés défibrosantes, antalgiques, anti-inflammatoires. Au niveau moléculaire, les ultrasons créent des vibrations : les molécules des zones atteintes par ces vibrations vont s’écarter puis osciller autour de leur position d’équilibre, entraînant des micro-coupures. Cet effet est recherché entre autres pour assouplir les zones fibreuses. Il est donc possible que les micro-traumatismes créés par les ondes ultrasonores puissent entraîner une inflammation hypodermique. À noter, la présence de polynucléaires éosinophiles au sein de l’infiltrat inflammatoire est compatible avec l’origine réactionnelle de la panniculite. À notre connaissance, il s’agit du premier cas recensé dans la littérature de panniculite traumatique après ultrasonothérapie.

La panniculite traumatique est une cause rare de panniculite. Il convient, en cas de tableau de panniculite dont l’étiologie n’est pas retrouvée grâce aux investigations biologiques et anatomopathologiques, de penser à rechercher un facteur traumatique local.