Une morphée généralisée prurigineuse révélant un adénocarcinome prostatique - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
L’association morphée et néoplasie est très rarement décrite. Nous rapportons une observation originale d’association entre une morphée généralisée et un adénocarcinome prostatique.
Observation |
Un homme de 71 ans avait présenté deux mois avant la consultation des plaques scléreuses prurigineuses péri-ombilicales qui s’étaient ensuite étendues à la racine des membres. L’examen clinique révélait une sclérose cutanée généralisée au tronc et aux membres supérieurs et inférieurs, respectant le visage et les extrémités. La symptomatologie cutanée, notamment le prurit, évoluait de façon concomitante à la dysurie. Il n’y avait pas de phénomène de Raynaud, ni de signes digestifs ou respiratoires. Le bilan immunologique était négatif. La biopsie cutanée montrait un aspect rectiligne de l’épiderme avec des vaisseaux congestifs aux parois épaissies ; le derme était fibreux, comportant des faisceaux de collagène épais et horizontalisés. Le diagnostic de morphée généralisée était retenu. Le taux de PSA était très élevé, avec à l’histologie de la biopsie prostatique un aspect d’adénocarcinome (ADK). Le bilan d’extension était normal. Le patient refusait le traitement chirurgical proposé et un traitement à base de colchicine était instauré et suivi pendant des mois sans amélioration de l’atteinte cutanée. Devant l’aggravation des symptômes urinaires, une radiothérapie (RTH) était indiquée, aboutissant à une nette amélioration clinique des symptômes urinaires et cutanés avec une disparition quasi complète de la sclérose cutanée et une régression totale du prurit.
Discussion |
L’évolution concomitante de la morphée et des signes urinaires qui ont révélé l’ADK prostatique, le caractère prurigineux des lésions scléreuses, inhabituel dans une simple morphée, et la disparition du prurit et des lésions de morphée juste après le traitement de l’ADK prostatique, sont tous des arguments qui suggèrent le caractère paranéoplasique de la morphée chez notre patient. Si l’association sclérodermie systémique et néoplasie est mieux documentée, le caractère paranéoplasique de la morphée généralisée pourrait être discuté. Nous retrouvons dans la littérature quelques cas d’association entre morphée et certains cancers, principalement cancer du poumon, cancer colorectal, cancer du sein et syndrome carcinoïde. Les patients se caractérisent par un âge avancé, une apparition soudaine de la morphée et un processus néoplasique concomitant ; en revanche le prurit n’a jamais été rapporté.
Conclusion |
Notre cas est original en raison du caractère paranéoplasique de la morphée, pouvant être argumenté par la disparition de tous les symptômes cutanés après la RTH. Même si c’est une association très rare, il faut savoir penser à un cancer devant une morphée surtout chez les sujets âgés, quand celle-ci a un caractère prurigineux, une apparition aiguë et une évolution rapidement extensive.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Adénocarcinome prostatique, Dermatose paranéoplasique, Morphée généralisée
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A228 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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