Mélanomes sur tatouage : 2 observations et revue systématique de la littérature - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Quelques cas de mélanomes sur tatouages ont été rapportés. Le rôle du tatouage dans le développement de tumeurs cutanées malignes est cependant très discuté. Nous rapportons deux nouvelles observations de mélanomes se développant sur des tatouages et complétons l’analyse d’une revue systématique de la littérature.
Matériel et méthodes |
La revue systématique a été réalisée sur Medline avec l’interface PubMed avec les termes « Melanoma » [All Fields] AND « Tattoo » [All Fields]. Des recherches complémentaires ont été réalisées à partir des références bibliographiques.
Observations |
Cas 1. Un patient de 61 ans, de phototype IV, consultait pour une lésion nodulaire pigmentée de 4,5×3,0cm, (Annexe A) développée sur un tatouage noir et rouge du dos apparue depuis un an. L’examen histologique de la lésion objectivait un mélanome nodulaire ulcéré, indice de Breslow à 7mm. Le bilan d’extension ne montrait pas de localisations secondaires. Cas 2. Un patient de 39 ans, de phototype II, portant un tatouage noir du bras consultait pour une lésion pigmentée (Annexe A) suspecte, de petite taille évoluant depuis plusieurs mois. L’exérèse confirmait le diagnostic de mélanome de type SSM, développé sur nævus préexistant, indice de Breslow 0,9mm. Une reprise à 1cm était réalisée, et avec un recul de 9 ans il n’était pas noté de récidive.
Résultats |
La revue systématique trouvait 34 cas de mélanomes survenus sur tatouage. Il existait une prévalence masculine (90,3 %) et un âge moyen jeune (45,9 ans). Il s’agissait majoritairement de tatouages monochromes noir/bleu foncé (71,0 %). Le délai moyen entre la réalisation du tatouage et l’apparition du mélanome était de 13,2 ans. La localisation la plus fréquente du mélanome était le membre supérieur (53,1 %) suivi du tronc (34,4 %). À l’examen anatomopathologique, il s’agissait dans 2 cas de mélanomes in situ, dans 13, l’indice de Breslow était inférieur ou égal à 1mm. Dans 5 observations, une métastase ganglionnaire était trouvée au moment du diagnostic, et dans une de ces observations étaient aussi observées des métastases cutanées en transit au diagnostic.
Discussion |
Plusieurs arguments font suspecter le rôle du tatouage dans la mélanogenèse :
– épidémiologie : population différente dans cette étude (hommes jeunes), de celle souffrant de mélanome habituellement ;
– physiopathologie : utilisation de carcinogènes dans les encres de tatouage tels que anisidine, nitro-o- et chloro-o-toluidine, 3,3 dichlorobenzidine, hydrocarbures polycycliques ou phtalates ;
– la localisation des tatouages sur des zones photo-exposées pourrait faire intervenir le tatouage comme cocarcinogène.
Conclusion |
Dans le doute, même si cette association semble rare, une vigilance accrue parait nécessaire pour assurer un diagnostic et une prise en charge précoces de ces mélanomes sur tatouage. Éduquer les tatoueurs sur le risque potentiel de survenue de cancer cutané semble aussi être un bon moyen de surveillance.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Mélanome cutané, Photoprotection, Tatouage
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.240. |
Vol 146 - N° 12S
P. A173-A174 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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