Le tatouage est un acte invasif à visée esthétique réalisé via l’introduction, dans le derme de colorants exogènes ainsi que de pigments métalliques. Cette effraction dermo-épidermique n’est pas anodine, et expose au risque rare mais grave de réactions d’hypersensibilité pouvant conduire jusqu’à la nécrose cutanée. Nous rapportons ici le cas inédit d’une réaction nécrotique compliquant la réalisation d’un tatouage à l’encre blanche.

Un patient d’une trentaine d’années était vu aux urgences pour un œdème inflammatoire hyperalgique du mollet droit sur lequel il avait fait réaliser, quelques jours auparavant, un large tatouage aux couleurs du drapeau breton. À l’examen, on notait une réaction nécrotique dermo-épidermique strictement limitée aux zones pigmentées en blanc ; le reste du tatouage était indemne de réaction.

Le patient était traité par propionate de clobetasol jusqu’à exsudation de la totalité du pigment imputable. Une régression rapide de l’œdème inflammatoire était obtenue sous dermocorticoïdes mais la guérison des lésions de nécrose avait demandé plusieurs mois.

L’hypothèse infectieuse a été rapidement écartée chez notre patient devant l’absence de signes locaux et généraux d’infection et l’amélioration rapide sous dermocorticoïdes.

De très rares cas de nécroses secondaires à un tatouage ont été décrits dans la littérature, et concernaient jusqu’à présent essentiellement le pigment rouge, fort bien illustré par la fameuse « nécrose de la rose ».

Le diagnostic de réaction d’hypersensibilité au pigment blanc à type de nécrose était retenu chez notre patient devant la présentation clinique particulière. C’est à notre connaissance le seul cas décrit.

L’essor important de la pratique du tatouage doit faire porter à la connaissance du dermatologue le risque rare mais grave de réaction immunitaire pouvant aller jusqu’à la nécrose, et ce quel que soit la couleur du pigment.