Nécrolyse épidermique toxique idiopathique : intérêt d’une enquête toxicologique - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
La nécrolyse épidermique toxique et le syndrome de Stevens–Johnson (NET–SJS) sont des toxidermies sévères associées à une origine médicamenteuse dans 70–80 % des cas. On souligne parfois le rôle d’agents infectieux dans la survenue de l’éruption. Les cas de NET-SJS sans facteur étiologique trouvé sont qualifiés d’idiopathiques. Nous rapportons un cas de NET « idiopathique » pour lequel un screening toxicologique par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS) a mis en évidence une exposition médicamenteuse probable à la carbamazépine.
Observations |
Une jeune femme âgée de 22 ans, avec antécédent dépressif, était hospitalisée pour un tableau de NET dont la sévérité justifiait un transfert en réanimation à 24heures d’évolution. Malgré une prise en charge adaptée, la patiente décèdait à 8jours d’un choc septique. Aucune cause médicamenteuse n’était identifiée à l’interrogatoire répété de la patiente et de son entourage. Son traitement antidépresseur (sertaline, mirtazapine, alprazolam) était arrêté depuis 1 an. Les PCR Mycoplasma pneumoniae, Herpès simplex, Epstein–Barr virus, Cytomegalovirus, Parvovirus B19 étaient négatives. L’enquête médicamenteuse était reprise post-mortem. Seuls les médicaments connus étaient trouvés au domicile. Le médecin traitant n’avait pas renouvelé les prescriptions ni introduit d’autres médicaments, et la pharmacie n’avait pas délivré de nouveaux traitements. Devant l’évolution fatale de cette NET « idiopathique », une analyse toxicologique rétrospective était réalisée sur un échantillon sanguin datant de l’entrée en réanimation. Des traces de carbamazépine ont été mises en évidence par LC-MS/MS et confirmées par spectrométrie de masse haute résolution (LC-QTOF).
Discussion |
La NET-SJS serait idiopathique dans 15 % des cas. C’est le diagnostic que nous avions initialement retenu devant la négativité de l’enquête médicamenteuse et infectieuse. Cependant, l’analyse toxicologique par LC-MS/MS a révélé une exposition probable à la carbamazépine, fréquemment mis en cause dans la NET, mais dont nous n’avons pas trouvé l’origine. Ces techniques analytiques sont plus spécifiques et sensibles que les méthodes d’immunoanalyse car elles permettent de détecter des composés par mesure de leur masse et de les identifier par leur spectre de masse. La LC-MS/MS permet la mise à jour progressive des bases de données spectrales et ainsi, la recherche d’un nombre croissant de molécules y compris de façon rétrospective, sans procéder à un nouveau prélèvement. Actuellement la technique LC-MS/MS permet de rechercher 181 composés, tandis que la bibliothèque associée à la LC-QTOF est plus large. Ces outils puissants peuvent être utilisés dans les cas suspects d’intoxication médicamenteuse, quand l’enquête étiologique est négative.
Conclusion |
Dans les cas de NET-SJS « idiopathiques », une analyse toxicologique par LC-MS/MS pourrait être proposée à visée étiologique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Carbamazépine, Nécrolyse épidermique toxique, Toxicologie
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.187. |
Vol 146 - N° 12S
P. A147 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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