Érythème pigmenté fixe à la trazodone - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
L’érythème pigmenté fixe (EPF) est une toxidermie de type retardée. Il se manifeste dans les 48h suivant la réintroduction d’un médicament par l’apparition d’une éruption récurrente, laissant une hyperpigmentation résiduelle.
Observations |
Patient de 86 ans, hospitalisé entre 2017 et 2019 pour des cures d’immunoglobulines intraveineuse (IgIV) dans un contexte d’une polyneuropathie chronique démyélinisante inflammatoire. Lors de sa deuxième cure, il présentait une éruption composée de 3 macules érythémateuses du visage évoluant en hyperpigmentations post-inflammatoires. Les lésions récidivaient sur les mêmes sites lors des cures suivantes, devenant bulleuses, avec extension au reste du corps. La biopsie montrait une dermatite d’interface constituée d’un infiltrat à prédominance lymphocytaire. L’ensemble des données nous permettait de conclure à un érythème pigmenté fixe bulleux généralisé.
L’enquête médicamenteuse mettait en évidence deux nouveaux médicaments que le patient recevait uniquement à l’hôpital en dehors de son traitement à domicile : la trazodone et le paracétamol. Trois patch-tests ont été réalisés : l’acétaminophene à 10 % dans la vaseline, la trazodone diluée à 30 % dans l’eau et à 30 % dans la vaseline. Deux témoins contrôles avec la trazodone étaient réalisés. Les patch-tests étaient posés sur d’anciennes lésions pour augmenter la sensibilité des tests. La lecture effectuée à 48h et 72h, selon les critères de l’ERGCD, était positive pour la trazodone avec une réaction érythémato-bulleuse majorée à 72h. Les patch-tests chez les témoins étaient négatifs. Un test de réintroduction était réalisé pour le paracétamol avec une bonne tolérance. Le patient n’a plus présenté de récidive après l’éviction de la trazodone.
Discussion |
Notre patient a présenté un EPF bulleux généralisé à la trazodone confirmé par la positivité des patch-tests. L’aggravation tardive de la réaction peut s’expliquer par les cures d’immunoglobulines qui ont pu retarder et contrôler la survenue ou l’extension la maladie par leur effet anti-inflammatoire et immunomodulatrice. L’érythème pigmenté fixe est constitué d’une à plusieurs lésions maculopapuleuses ovalaires, parfois bulleuses, érythémato-violacées, évoluant généralement vers une cicatrice pigmentée. Les lésions sont généralement bien circonscrites et apparaissent dans les 48h après une réexposition au médicament. En cas de récidive les lésions pourront être étendues et en cas d’évolution bulleuse, se rapprocher d’une nécrolyse épidermique toxique. La trazodone est un antidépresseur triazolé pyridine qui inhibe la recapture de la sérotonine et agit comme antagoniste du récepteur 5-HT2A. Seuls sont mentionnés dans la littérature des cas d’éxanthème maculopapuleux et d’érythème polymorphe.
Conclusion |
Nous rapportons un premier cas d’érythème pigmenté fixe à la trazodone avec tests cutanés positifs.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Érythème pigmenté fixe, Toxidermie, Trazodone
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.180. |
Vol 146 - N° 12S
P. A143-A144 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?