Les isothiazolinones, notamment la méthylisothiazolinone (MI) et la méthylchloroisothiazolinone (MCI) sont des conservateurs utilisés dans les produits cosmétiques, les détergents et de nombreux produits industriels. Ils sont une cause fréquente d’allergie de contact chez l’adulte.

Chez l’enfant, les premiers cas rapportés étaient liés aux lingettes nettoyantes, responsables d’eczéma du siège et du visage. Plus récemment, ont été décrits des cas d’allergie de contact aéroporté aux peintures et de dermite des mains au slime. Nous rapportons une série de 15 enfants sensibilisés.

Inclusion de tous les enfants testés pour suspicion d’eczéma de contact entre janvier 2011 et mai 2019 dans le service de dermatopédiatrie de Bordeaux ayant obtenu au moins un patch positif à la MI et/ou au mélange MCI/MI.

Sur cette période, 250 enfants ont été testés par patch dans le service ; 15 enfants étaient sensibilisés aux MI/MCI (9 garçons, 4 filles ayant entre 2 et 13 ans), soit une incidence de 6 %. On trouvait un terrain atopique chez 14 d’entre eux. L’imputabilité était certaine chez 11 patients. Six cas étaient dus à des produits cosmétiques (lingettes, laits, lotions hydratantes) et 5 à des produits non cosmétiques : peintures à l’eau pour 4 et « pâte à prout » pour 1 cas.

Les cas cosmétiques ont été recrutés de 2011 à 2016, les dermatites aéroportées aux peintures à partir de 2017, comme le cas lié à la pâte à prout.

L’incidence de la sensibilisation aux MI/MCI dans cette population pédiatrique (6 %) est élevée, à peine inférieure à celle observée chez l’adulte dans notre centre sur la même période (7,2 %). Ce chiffre semble cohérent avec les données de la littérature si l’on tient compte de l’augmentation récente de la fréquence des allergies aux isothiazolinones, puisque évaluée entre 4,8 % et 3,2 % dans 2 études européennes pédiatriques réalisées avant 2013.

Dans nos observations les plus récentes (2017 à 2019), l’allergie aux MI/MCI était liée à des produits non cosmétiques, notamment industriels ou jouets. Cela souligne bien la tendance actuelle : régression des cas de sensibilisation aux MCI/MI liées aux cosmétiques, ceci grâce à la législation interdisant leur présence dans les produits non rincés et limitant leur concentration dans les produits rincés, mais augmentation des cas liés à leur utilisation dans les produits industriels tels que les détergents ménagers et les peintures à l’eau, non soumis à une législation.

L’allergie de contact aux isothiazolinones chez l’enfant est un sujet d’actualité dont l’épidémiologie s’est récemment modifiée. Une modification de la législation a permis la régression des cas d’allergie aux MCI/MI présents dans les produits cosmétiques, mais une attention toute particulière devrait être désormais donnée aux produits industriels tels que les peintures à l’eau, les produits ménagers et les jouets (pâte à prout, slime).