L’intérêt du drainage de la plaie en chirurgie du rachis dégénératif est débattu. L’objectif de cette étude a été d’évaluer les facteurs influençant le chirurgien dans sa décision de drainer. Un sondage en ligne a été envoyé à tous les membres de la Société française de neurochirurgie (383 membres) et la Société française de chirurgie du rachis (420 membres). Chaque participant était interrogé sur certains facteurs supposés influencer le drainage du foyer opératoire. Dix cas cliniques représentatifs de la pratique clinique quotidienne ont aussi été soumis aux participants. Nous avons reçu 263 (33 %) sondages complétés, 105 (40 %) par des praticiens hospitaliers et 158 (60 %) par des chirurgiens libéraux. Parmi les participants, 127 étaient neurochirurgiens et 136 chirurgiens orthopédiques. Les facteurs influençant le drainage étaient : un saignement persistant à la fermeture malgré une bonne hémostase, le type d’intervention, la notion d’anticoagulation préopératoire et la taille de l’incision. Un indice de masse corporel élevé, une perte sanguine peropératoire élevée et la pose de matériel d’ostéosynthèse n’étaient pas en faveur du drainage postopératoire. L’âge du patient, l’usage préopératoire d’AINS et le rhésus du patient n’influençaient pas la décision du chirurgien. Selon les cas cliniques, les taux de drainage étaient de : discectomie lombaire : 24 %, discectomie cervicale : 65 %, arthrodèse circonférentielle : 79 %, canal lombaire étroit : 85,6 % et pour les scolioses lombaires : 93 %. Face à une fuite de LCR, les chirurgiens drainaient moins souvent (17 %, p<0,05). En cas de saignement diffus ou d’anticoagulation préopératoire, les chirurgiens drainaient significativement plus. Les orthopédistes drainaient plus souvent que les neurochirurgiens. Aucune différence n’a été mise en évidence entre les praticiens hospitaliers et les chirurgiens libéraux. Des facteurs influençant le drainage postopératoire ont été identifiés, reposant sur le patient, l’intervention elle-même et la formation du chirurgien. Le seul paramètre associé à une diminution du taux de drainage dans toutes les situations était la fuite de LCR. La spécialité du chirurgien a un impact important sur la décision de drainer.