Hématologie et thérapie cellulaire. Historique de l’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques : rôle actuel en hématologie. Nouveautés pour le traitement des leucémies aiguës myéloblastiques de l’adulte - 11/09/19
Autologous stem cell transplantation in hematology: Historical review and possible revival for the treatment of acute myelogenous leukemia
Résumé |
L’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) est une technique mise au point à l’hôpital Saint Antoine en 1976 pour pallier l’absence de possibilité d’allogreffe à l’époque chez plus de 75 % des patients qui ne disposaient pas de frères/sœurs géno-identiques et/ou étaient âgés de plus de 35 ans. Nos premiers travaux historiques ont porté sur la Cryo préservation des CSH. La technique de l’autogreffe consiste dans un premier temps à prélever à un moment propice des CSH à un patient atteint d’hémopathie maligne. Ces CSH sont congelées et conservées en phase gazeuse d’azote à –140dg C. Ultérieurement un traitement de poly chimiothérapie lourde avec ou sans radiothérapie peut ainsi être administré pour la consolidation lourde des hémopathies malignes en rémission. Ce traitement détruit l’hématopoïèse en place. La réinjection des CSH (le greffon) autologues permet de restaurer l’hématopoïèse. Dans l’ensemble, une consolidation lourde suivie d’autogreffe fait aujourd’hui systématiquement partie du traitement de première ligne pour les patients atteints de myélomes et de lymphomes du manteau âgés de moins de 70 ans. Elle fait également partie du traitement de rattrapage en seconde ligne pour les autres lymphomes, y compris la maladie de Hodgkin. Au total, 40 000 autogreffes sont réalisées chaque année dans le monde pour ces indications. L’utilisation de l’autogreffe dans le schéma thérapeutique des leucémies aiguës myéloblastiques est plus discutée : très utilisée de 1976 à 2000 pour les consolidations lourdes des rémissions chez les patients ne disposant pas de donneurs pour une greffe de CSH allogénique, les indications de l’autogreffe se sont réduites récemment du fait des améliorations considérables de l’allogreffe qui peut aujourd’hui faire appel à des donneurs alternatifs (donneurs non apparentés et haplo-identiques). Des améliorations importantes pour l’autogreffe sont toutefois récemment survenues, telles que (1) une meilleure définition des patients pouvant en bénéficier, (2) le recours à un conditionnement myéloablatif plus efficace avec la combinaison du busulfan intraveineux associé au melphalan à haute dose, (3) surtout une meilleure évaluation de la maladie résiduelle qui permet de consolider par chimiothérapie lourde et autogreffe les patients en rémission complète moléculaire. Enfin l’immunothérapie (anticorps monoclonaux et lymphocytes éduqués « CAR-T cells ») s’annonce comme un traitement de maintenance novateur pour prévenir les rechutes. La question actuelle est de savoir si une consolidation lourde suivie d’autogreffe peut fournir la plateforme idéale pour l’introduction d’une immunothérapie complémentaire et ainsi remplacer à terme dans certaines indications précises, l’allogreffe. Ceci mènerait à une meilleure qualité de vie en l’absence du risque de réaction du greffon contre l’hôte.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Autologous hematopoietic stem cell (HSC) transplantation (ASCT) is a technique developed at Hospital Saint Antoine APHP in Paris in 1976 to make up for the absence of any allograft option at the time in more than 75% of patients, i.e., without siblings, or over 35 years of age. Our first research consisted in defining the criteria for successful cryopreservation in a canine model. ASCT consists initially of collecting HSCs at a convenient time for a patient with hematological malignancy. HSCs are frozen and stored in the gaseous phase of nitrogen at-140°C. Subsequently a heavy polychemotherapy treatment with or without radiotherapy can thus be administered for heavy consolidation of hematological malignancies in remission. This treatment is myeloablative and destroys the hematopoiesis in place. The reinfusion of the autologous CSH (autograft) restores it. This approach is now used all over the world and 40,000 ASCT are done each year for the front line treatment of myelomas and for the salvage treatment of many lymphomas. Acute Myeloid leukemia and ASCT are a challenge: used extensively from 1976 to 2000 for heavy consolidations of remissions initially for patients without available family donors, the use of ASCT has declined mainly as a consequence of improvements in allogeneic transplantation, such as the availability of so-called alternative donors (unrelated and family haplo-identical donors in particular). In the last five years, however, significant improvements have occurred in the field of ASCT, such as (1) a better definition of the patients who can benefit from it (standard and intermediate risk), (2) the use of a more effective myeloablative conditioning with the combination of intravenous busulfan associated with high-dose melphalan, and (3) a better evaluation of minimal residual disease which allows to autograft patients while in complete molecular remission. In this context, immunotherapy (monoclonal antibodies and lymphocytes educated CAR-T cells) promises to be an innovative approach to prevent relapse post transplant.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Autogreffes de cellules souches, Historique, Leucémies aiguës myéloblastiques
Keywords : Autologous stem cell transplantation in hematology, Acute myelogenous leukemia
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☆ | Séance du 16 avril 2019. |
Vol 203 - N° 6
P. 462-470 - septembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.