Tolérance clinique des antiseptiques cutanés chez 3 403 malades en pratique de ville - 26/03/08
E. Caumes [1],
M. Le Maitre [2],
J.-M. Garnier [3],
F. Bricaire [1],
B. Crickx [4]
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Introduction |
La fréquence des effets indésirables cutanés des antiseptiques est mal connue.
Malades et méthodes |
Nous avons évalué la prévalence et les formes cliniques des effets indésirables des principaux antiseptiques cutanés utilisés en France par une enquête prospective, multicentrique, menée auprès de 773 dermatologues de ville de mai à juin 2003. Les huit premiers malades consécutifs, adultes des deux sexes, relevant d'un traitement ambulatoire par un antiseptique cutané, ont été inclus. L'évaluation a été faite à l'inclusion et après traitement, de visu ou par téléphone. Les événements indésirables notifiés ont été validés par deux experts indépendants.
Résultats |
Ont été inclus 3 403 malades (femmes 61 p. 100, hommes 39 p. 100, âge moyen 47 ans). La prescription de l'antiseptique était motivée par une chirurgie dermatologique ambulatoire (45 p. 100), un geste technique (33 p. 100), ou en traitement d'appoint de diverses dermatoses, plaies ou brûlures (12 p. 100). Les six traitements les plus utilisés – hexamidine (37 p. 100), chlorhexidine – chlorure de benzalkonium (28 p. 100), chlorhexidine alcoolique (16,5 p. 100), chlorhexidine solution aqueuse (7 p. 100), polyvidone iodée (6 p. 100) et hexamidine-chlorhexidine (1,8 p. 100) – représentaient 96,5 p. 100 des prescriptions. L'antiseptique était prescrit par badigeonnage (57 p. 100) ou pulvérisation (40 p. 100), deux fois par jour, pendant une durée médiane de 10 jours (3-30 jours). Douze effets indésirables ont été notifiés : dermite de contact (neuf cas), sensation de brûlure persistante (deux cas), coloration jaune de la peau (un cas). Seuls 10 effets indésirables cliniques ont finalement été pris en compte dans l'analyse finale (une inclusion à tort, un effet notifié non retenu) et la prévalence des effets indésirables cliniques peut être estimée à 2,9 pour mille. La durée médiane d'apparition de la dermite de contact était de 4 jours (0-90 jours). La guérison après arrêt de l'antiseptique a été spontanée chez cinq malades et après une corticothérapie locale chez cinq autres. Il n'y avait pas de différence statistiquement significative en fonction des antiseptiques, ni des localisations. Un antécédent de dermite de contact était associé à un risque d'effet indésirable (OR = 7,2 ; CI 95 : 2,0-26,4 ; p = 0,007).
Discussion |
Cette étude offre une idée précise de l'utilisation des antiseptiques cutanés en pratique de ville en France et de la fréquence des effets indésirables des antiseptiques. Le chiffre, bas (2,9 pour mille), tempère l'impression laissée par le grand nombre de publications d'effets indésirables cliniques avec les antiseptiques. Il relativise aussi les taux élevés de sensibilisation à différents antiseptiques trouvés dans certaines études chez des populations à risque. L'effet indésirable le plus fréquemment observé est une dermite de contact. Un antécédent de dermite de contact a été identifié comme un facteur de risque d'apparition d'un effet indésirable cutané parmi nos malades.
Conclusion |
Les antiseptiques cutanés sont des médicaments bien tolérés mais leur prescription devrait être encadrée de façon plus rigoureuse, notamment en cas d'antécédent de dermite de contact.
Clinical tolerance of cutaneous antiseptics in 3403 patients in France. |
Introduction |
We prospectively studied the prevalence and the clinical forms of adverse cutaneous reactions associated with the main antiseptics used in France, the incidence of which is not well known.
Patients and methods |
Patients were included by 773 French dermatologists from May to June 2003. The 8 first consecutive adult patients for whom ambulatory treatment with a cutaneous antiseptic was prescribed were included. Patients were evaluated at inclusion and after treatment, either in person or by telephone. All reported adverse cutaneous reactions were validated by two independent experts.
Results |
3403 patients (61% women, 39% men; mean age: 47) were included. Antiseptics were indicated for ambulatory surgery (45%), technical procedures (33%), and in combination with other treatments for various dermatoses, wounds and burns (12%). The 6 most widely used treatments (96% of prescriptions) were hexamidine (37%), chlorhexidine-benzalkonium (28%), chlorhexidine-alcohol (16.5%), aqueous chlorhexidine (7%), polyvidone iodine (6%) and hexamidine-chlorhexidine (1.8%). The antiseptic was prescribed for application by dabbing (57%) or spraying (40%), twice daily for a mean 10 days (3-30 days). A transient burning sensation was noticed by 4 to 7% of the patients, without any significant difference between antiseptics. Twelve adverse events were reported: contact dermatitis in 9 patients, persistent burning sensation in 2 and yellow discoloration of the skin in one. This latter case, caused by the colour of the antiseptic, cannot be considered as an adverse event. Furthermore one patient with contact dermatitis should have not been included because he had a history of cutaneous reaction related to the use of the same antiseptic. Therefore only 10 cutaneous reactions were eventually taken into account (overall prevalence = 2.9 per thousand, ranging from 0% to 0.5% according to the antiseptic). There was no significant difference in terms either of the antiseptic used or the site of the treated lesion. A history of contact dermatitis was associated with a significant risk of adverse reaction (OR = 7.2; CI 95: 2.0-26.4; p = 0.007). The median time from onset of treatment to appearance of contact dermatitis was 4 days (0-90 days). The condition resolved following discontinuation of treatment; spontaneously in 5 patients and with dermocorticoid therapy in 5 others.
Discussion |
The results of this study give a precise idea of how the antiseptics are used by French dermatologists in clinical practice in outpatients and how often their use is complicated by the occurrence of adverse cutaneous reactions. The low rate of such reactions (2.9 per thousand) in our study is thus in contrast with the impression given by the large number of publications related to this complication. It also tempers the high rates of sensitisation to various antiseptics found in selected at-risk patients. The most common adverse event observed was contact dermatitis and a history of this condition conferred a significant risk of cutaneous reaction.
Conclusion |
Although cutaneous antiseptics are well tolerated with a low prevalence of adverse reactions, generally mild, they should nevertheless be prescribed with caution in patients with a history of contact dermatitis.
Plan
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 133 - N° 10
P. 755-760 - octobre 2006 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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