Prise en charge de la mort subite dans un département semi rural, la Seine et Marne : étude DEFI 77. - 26/03/08
G. Pochmalicki [1],
J.-Y. Le Tarnec [2],
J.-P. Franchi [3],
J.-P. Empana [4],
M. Genest [1],
R. Foucher [5],
F. Compagnon [2],
X. Jouven [4],
H. Lardoux [6],
L. Guize [7]
Voir les affiliationsLa mort subite est un problème majeur de santé publique puisqu’elle affecte annuellement dans l’hexagone près de 50 000 personnes. Le pronostic de l’arrêt cardiaque (AC) est effroyable puisqu’à chaque minute de perdue les chances de survie diminuent de 10 %. Le but de ce travail a été d’évaluer prospectivement les caractéristiques des victimes d’un arrêt cardiaque à l’échelon d’un département entier, La Seine et Marne, 6000 km2, spécifique par son paradoxe entre son aspect francilien et sa composition semi rurale, et de préciser les modalités actuelles de prise en charge de cette urgence. Le recueil épidémiologique prospectif DEFI 77 a été réalisé grâce à la collaboration du SAMU, du SDIS, des hôpitaux généraux et de l’association de cardiologie Paris-Ile-de-France. Entre janvier 2001 et décembre 2005 sont survenus 2001 arrêts cardiaques (âge moyen 68 ± 20 ans, 67 % d’hommes) à domicile dans 80 % des cas. L’arrêt est survenu en présence de témoins dans 72 % des cas, mais ceux-ci n’ont entrepris une réanimation que dans 14,3 % des cas. Le SAMU et les SMUR ont tenté une réanimation cardio-pulmonaire dans 78 % des cas. Dans 29 % des cas, un ou plusieurs chocs électriques externes ont été pratiqués, un défibrillateur semi automatique étant utilisé dans 79 % des cardioversions. Seulement 11,5 % des patients sont arrivés vivants en réanimation, le taux global de survie hospitalière étant inférieur à 2 %. Seuls huit patients ont bénéficié ultérieurement de la mise en place d’un défibrillateur automatique implantable. Le délai d’appel extrêmement long (douze minutes), le délai entre l’appel et l’arrivée des premiers secours (9,5 ± 4 min) et le faible pourcentage de témoins actifs, l’hétérogénéité de la prise en charge en particulier invasive expliquent en grande partie les résultats de cette étude observationnelle. En conclusion, le pronostic des arrêts cardiaques à l’aube du troisième millénaire reste très sévère et justifie pleinement une éducation large de la population à un appel précoce, aux gestes qui sauvent en particulier au massage cardiaque externe avant l’intervention des premiers secours et l’utilisation salvatrice du défibrillateur automatisé externe.
Management of sudden death in a semi-rural district, Seine-et-Marne: the DEFI 77 study. |
Sudden death is a major problem in public health, affecting around 50 000 people a year in France. The prognosis for cardiac arrest is abysmal because for every minute lost the chances of survival diminish by 10%. The aim of this work was to prospectively evaluate the characteristics of cardiac arrest victims across an entire 6000 km? area, the Seine-et-Marne district, distinguished by the paradox of lying just outside the capital whilst actually being semi-rural, and to determine the current methods of dealing with this emergency. The DEFI77 prospective epidemiological survey was carried out with the collaboration of the SAMU emergency medical service, the SDIS fire/ambulance service, the general hospitals and the Paris-Ile-de-France cardiological association. Between January 2001 and December 2005 there were 2001 cardiac arrests (mean age 68 ± 20 years, 67% male) at home in 80% of cases. The arrest was in front of a witness in 72% of cases, but they performed resuscitation in only 14.3% of cases. The SAMU and SMUR emergency medical services attempted cardio-pulmonary resuscitation in 78% of cases. In 29% of cases, one or more external electric shocks were carried out, using a semi-automatic defibrillator 79% of the time. Only 11.5% of patients arrived at the emergency department alive, the overall hospital survival rate being less than 2%. Only eight patients subsequently underwent automatic defibrillator implantation. The results of this observational study are to a large extent explained by an extremely long delay (12 minutes) before help was called for, the delay between the call and the arrival of medical assistance (9.5 ± 4 min), the low percentage of active witnesses, and the variability in management (invasive in particular). In conclusion, at the dawn of the third millennium the prognosis of cardiac arrest remains very poor and fully justifies educating the general public about calling for help early and about actions that can save lives, particularly external cardiac massage before the arrival of the emergency services, as well as the benefits of using automated external defibrillators.
Mots clés :
Mort subite
,
arrêt cardiaque
,
défibrillateur semi automatique
,
épidémiologie
,
défibrillateur automatique externe
Plan
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 100 - N° 10
P. 838-844 - octobre 2007 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.