Intérêt de développer des cliniques d’AIT en France : est-ce utile pour la santé publique ? - 15/06/19
Establishing TIA clinics in France, a public health need
RÉSUMÉ |
Grâce à l’avènement de la thrombolyse et de la thrombectomie, la prise en charge des AVC constitués a considérablement changé, permettant d’espérer la guérison chez près de 50 % des patients traités chaque année. Cependant, au mieux 10 % des AVC constitués bénéficient de ces traitements, sur les 160 000 AVC constitués en France dans une année. Ainsi, 144 000 patients ne bénéficient pas de ces traitements, car ils arrivent trop tard à l’hôpital. La bonne prise en charge de ces patients dans des unités neuro-vasculaire améliore leur devenir, mais l’on sait que lorsque le mal est fait, il n’y a guère de chance de guérir complètement de l’AVC constitué.
25 % des AVC constitués sont précédés d’accidents ischémiques transitoire (AIT). Après un AIT le risque d’AVC constitué est de 17 % à 3 mois, et la plupart surviennent dans les heures ou jours suivant l’AIT. Intervenir au plan diagnostique et thérapeutique juste après l’AIT est donc la meilleure opportunité d’éviter l’AVC constitué. C’est la raison pour laquelle nous avons développé depuis 2003 « SOS-AIT », une clinique d’AIT à l’hôpital Bichat, disponible 24h/24, 365 jours par an, et, presque parallèlement une clinique d’AIT similaire s’est mise en place en 2004 à Oxford. Nos deux équipes ont rapporté simultanément en 2007 que cette prise en charge expéditive de l’AIT permettait de réduire de 80 % le risque d’AVC constitué. Cette constatation a été confirmée par un registre d’AIT international que nous avons mis en place, basé sur 61 cliniques d’AIT en Europe, Asie et Amérique latine, publié dans le New England Journal of Medicine en 2016.
Ainsi, si tous les AIT étaient pris en charge dans une clinique d’AIT similaire, cela permettrait d’éviter 5,320 AVC constitués chaque année en France, soit une performance bien supérieure à celle de la thrombolyse, de la thrombectomie avec respectivement 640 et 1560 décès ou dépendances évités chaque année. Or, seulement deux cliniques d’AIT existent, à Paris et à Toulouse (depuis 2009). Développer des cliniques d’AIT en France, comme les Unités Neuro-vasculaires l’ont été dans les années 1990 et 2000, est une priorité de santé publique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.SUMMARY |
Thanks to the use of thrombolysis, then thrombectomy, acute ischemic strokes care and prognosis improved greatly, leading to complete resolution in about 50 % ofcases. Unfortunately, at best 10 % ofthe patients take advantage ofthese treatments among the 160 000 strokes occurring each year in France. For up to 144 000patients, it is too late when they arrive to the emergency room. Despite the best management at stroke unit, improving their outcome, the hope ofreturning to normal is unlikely.
Transient ischemic attacks (TIA) precede 25 % of constituted strokes. Considering that he risks ofcompleted stroke after TIA is 17 % at 3 months, most often within hours or days afterwards, TIA is thus the best opportunity to prevent completed strokes, provided that diagnosis and treatment can be performed at that time. According to that perspective, the SOS-TIA clinic was developed, at Bichat hospital in Paris, available 24 hours a day, 365 days a year. Almost at the same time, a similar clinic opened in Oxford in 2004. Both teams reported, back to back, that evaluating and treating TIA can reduce by 80 % the risk of stroke at 3 months. This result was later confirmed by the TIAregistry.org we conducted in 63 TIA dedicated clinics across Europe, Asia and Latin America (New England Journal ofMedicine, 2016).
Hence, a management of all TIA in such clinics could prevent 5,320 completed strokes each year in France. This largely exceeds the efficacy of i.v. thrombolysis and thrombectomy sparing only 640 and 1560 deaths/dependency per year, respectively. Unfortunately, since 2009, only two TIA clinics were founded in France (Paris and Toulouse). To develop TIA units in France, as it was performedfor Stroke units in 1999-2000, is a public health priority.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : Accident ischémique transitoire, Accident vasculaire cérébral
Key-words : Transient ischemic attack, Stroke
Plan
Tirés à part : Professeur Pierre Amarenco, même adresse Déclaration de l’auteur : au cours des 5 dernières années, j’ai reçu des fonds de recherche de Sanofi, BMS et AstraZeneca (TIAregsitry.org), de Pfizer, AstraZeneca et Merck (Treat Stroke to Target trial), de Boston Scientific (WATCH-AF registry), du gouvernement français (PHRC Treat Stroke to Target (TST) trial et TST-PL.U.S.) ; des honoraires comme membre d’executive committee du SOCRATES trial (AstraZeneca), du programme SPIRE trials (Pfizer), du registre XANTUS (Bayer), du PROMINENT trial (Kowa company), comme membre du steering committee de l’ESUS trial (Bayer) et du PARFAIT trial (BMS), comme membre de l’endpoint committee du SUMMIT trial (GSK), comme membre du DSMB de l’ALPINE studies program (Fibrogen), et de l’essai SHINGPOON ; des honoraires de participation à des advisory boards de la part de Bayer, Pfizer, Amgen, Kowa, Boston Scientific, Edwards, Shing Poon, Gilead ; des honoraires comme orateur de la part de Bayer, Amgen, Pfizer, Sanofi. |
Vol 202 - N° 1-2
P. 275-282 - janvier 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.