La santé sexuelle des adolescents et jeunes adultes (AJA) est mal connue. Les IST sont en recrudescence notamment chez les AJA. Nous avons étudié la prévalence des IST bactériennes dans une population d’AJA suivis dans une unité hospitalière ambulatoire prenant en charge la santé d’AJA fragiles et précisé le profil évolutif des AJA infectés, en comparant les migrants et les non-migrants.

Nous avons inclus les patients suivis dans l’unité ayant eu une PCR Chlamydia trachomatis et/ou gonocoque positive sur l’auto-prélèvement vaginal ou sur le premier jet d’urines, entre le 01/01/2017 et le 30/06/2018, et recueilli les données clinico-biologiques et évolutives à partir de leur dossier. Nous avons exprimé les données quantitatives en médiane/IQR. Nous avons comparé les migrants et les non-migrants par une analyse univariée : test de Fischer ou Chi² pour les données qualitatives et test t de Student pour les données quantitatives.

Parmi les 110 patients inclus (âge 17,7 ans au diagnostic de l’IST (IQR 16,7–19,5), sex-ratio H/F 0,32) : 55 (50 %) étaient des migrants, arrivés en France à 12 ans (IQR 6–15), dont 44 (80 %) venaient d’Afrique subsaharienne ; 15 (14 %) étaient orphelins, 75 (68 %) vivaient en foyer, 13 (12 %) avaient fait une tentative de suicide et 47 (43 %) avaient des addictions (tabac, cannabis et/ou alcool). L’âge des premiers rapports sexuels (RS) était 15 ans (IQR 14–16) ; les RS n’étaient jamais protégés chez 48 (48 %) ; 40 (36 %) avaient une sérologie vaccinale HBV et 51 (46 %) n’avaient pas d’immunité VHB ; 18 (18 %) avaient déjà eu au moins une IST. Chez les femmes : 23 (28 %) avaient subi une agression sexuelle ; 22 (29 %) avaient été enceintes dont 19 (86 %) avaient subi une IVG ; 48 (64 %) n’avaient pas de contraception dont 13 (59 %) qui avaient été enceintes ; 5 (6 %) étaient vaccinées contre l’HPV. Sur 18 mois dans l’unité : la prévalence des IST bactériennes était 21,7 % au total (21,3 % pour C.trachomatis) et 21,1 % chez les femmes ayant déjà eu des RS (19 % pour C.trachomatis). Les circonstances du diagnostic étaient : 71 (65 %) dépistage systématique, 30 (27 %) dépistage pour symptômes (leucorrhées inhabituelles, douleurs pelviennes ou urétrite chez les hommes) et 9 (8 %) pour contrôle après IST. Les bactéries retrouvées étaient : 85 (77 %) C.trachomatis, 15 (14 %) C.trachomatis et gonocoque, 10 (9 %) gonocoque. Des symptômes étaient présents chez 11 femmes (13 %) et chez 8 hommes (30 %). Un traitement a été prescrit chez 98 (89 %) (12 (11 %) ont été perdus de vue) ; 52 (53 %) ont fait un prélèvement de contrôle post-traitement ; 46/98 (47 %) étaient guéris. La comparaison migrants vs migrants n’a pas montré de différence significative ; ils sont en France depuis 4,8 ans (IQR 1,8–10,7).

La prévalence des IST bactériennes reste élevée dans cette population d’adolescents fragiles. La majorité des IST sont asymptomatiques notamment chez les jeunes femmes d’où l’importance du dépistage pour éviter la transmission.