Résistance de Treponema pallidum à l’azithromycine dans un département d’Outre-mer - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Depuis plusieurs années, une recrudescence de la syphilis est décrite dans notre département d’Outre-mer. L’épidémiologie y est caractérisée par une atteinte prépondérante chez des patients hétérosexuels avec de nombreuses femmes en âge de procréer infectées. La syphilis congénitale est donc un problème de santé publique sur notre île. La contre-indication à la doxycyline pendant la grossesse et les ruptures d’approvisionnement en benzathine benzylpénicilline nécessitent d’envisager d’autres thérapeutiques. L’azithromycine peut être une alternative dans certains cas. Cependant, la mutation A2058G du gène de l’ARN23S confère à Treponema pallidum (TPA) une résistance à cet antibiotique. Afin de pouvoir envisager un traitement de masse dans notre département, nous avons recherché la présence de cette résistance dans nos prélèvements positifs.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective, observationnelle, monocentrique et réalisée à partir d’écouvillons recueillis depuis des lésions évocatrices de syphilis primaire ou secondaire dans les services de Maladies Infectieuses, Gynécologie, Urgences et CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic) de notre CHU, de janvier à octobre 2018.
La recherche de TPA était réalisée par PCR multiplexe spécifique des ulcérations génitales (Kit Genital Ulcer, FastTrack Diagnostics, Luxembourg). Ensuite, des échantillons positifs pour le TPA ont été adressés au CNR de la Syphilis pour confirmation de la positivité par nested PCR du gène tpp47, amplification du gène ARN23S et détection d’éventuelles mutations de résistance par technique RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism).
Résultats |
Cent cinquante-trois échantillons ont été récoltés à partir de 132 patients. Vingt-sept avaient une PCR TPA positive avec notre PCR multiplexe. Dix-huit échantillons positifs ont été transmis au CNR. Parmi eux, 15(83,3 %) ont été confirmés positifs par le CNR. Pour 7 échantillons (38,9 %), l’ARN ribosomal 23S a pu être amplifié. Sur ces 7 échantillons, tous présentaient pour l’ARN23S un profil muté A2058G et étaient donc résistants à l’azithromycine.
Conclusion |
Cette étude montre que les souches de T.pallidum identifiées dans notre département et pour lesquelles l’ARN23s a pu être amplifié présentent toutes la signature moléculaire de la résistance à l’azithromycine. Il semble peu pertinent de proposer cet antibiotique comme traitement probabiliste et de masse de la syphilis sur l’île. L’azithromycine ne peut par ailleurs pas être proposée comme alternative thérapeutique. Une nouvelle étude épidémiologique avec l’analyse des résistances de plus de souches de tréponèmes serait intéressante pour compléter nos résultats.
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Vol 49 - N° 4S
P. S94 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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