Fièvre hémolytique des roussettes : description d’une nouvelle zoonose due à Mycoplasma haemohominis caledoniensis dans le Pacifique - 09/05/19
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Résumé |
Introduction |
Depuis 1990, nous observons en Nouvelle-Calédonie un tableau clinique associant splénomégalie fébrile et amaigrissement, anémie hémolytique auto-immune (AHAI) et/ou lymphohistiocytose hémophagocytaire (HLH) chez des patients ayant été en contact avec des roussettes (chauves-souris frugivores). Une étiologie infectieuse est suspectée mais aucun micro-organisme n’est mis en évidence. Devant la suspicion d’une infection à bactérie de culture fastidieuse, le sang d’une patiente présentant ce tableau a été investigué et une PCR ciblant le gène de l’ARN16S retrouve candidatus Mycoplasma haemohominis. Il s’agit d’une bactérie intracellulaire jamais cultivée appartenant au groupe des Hemoplasma, décrite chez les animaux y compris des chauves-souris. Un seul cas humain a été rapporté en 2011 chez une anglaise ayant voyagé (Australie, Singapour). Nous rapportons la première série de cas humains et avons identifié les roussettes comme réservoir animal local.
Matériels et méthodes |
Suite à la description du cas index, nous avons mené une étude rétrospective (patients suspects hospitalisés 2009–2017, registre territorial de HLH 2012–2018) et prospective (2018). Le sang de 10 patients, la rate et l’encéphale de 40 roussettes ont été investigués par 2 systèmes de qPCR et PCR standard ciblant les gènes de l’ARN16S et dnaK de M. haemohominis.
Résultats |
Dix cas humains ont été identifiés. Ces patients n’avaient pas de lien épidémiologique mais 9 rapportaient un contact récent avec des roussettes. Tous présentaient amaigrissement, fièvre prolongée et splénomégalie, syndrome inflammatoire, hypergammaglobulinémie polyclonale et plasmocytose médullaire réactionnelle. Une AHAI à anticorps chauds était présente dans 9 cas et une HLH dans 9 cas. L’ADN bactérien a été détecté (sang périphérique et/ou médullaire) par les 2 qPCR chez 10 patients et confirmé par séquençage chez 4 patients. Une antibiothérapie par doxycycline a été efficace dans 7/10 cas. Trois patients sont décédés suite à une rupture spontanée de rate (n=2) ou après splénectomie (n=1). Trois espèces de roussette du genre Pteropus (ornatus, vetulus et tonganus) ont été collectées. L’ADN de candidatus M. haemohominis a été détecté chez 52,5 % (21/40) d’entre-elles.
Conclusion |
Nous décrivons une nouvelle zoonose responsable d’AHAI et/ou HLH d’évolution potentiellement fatale. La mise en route rapide d’une antibiothérapie probabiliste par doxycycline pourrait améliorer le pronostic. Des investigations complémentaires sont en cours pour comprendre les modes de transmission de cette bactérie. Les résultats préliminaires des cultures bactériennes sont prometteurs et permettront prochainement d’obtenir son génome.
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Vol 49 - N° 4S
P. S5-S6 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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