Complexité du dépistage de la tuberculose maladie chez les migrants primo-arrivants non-stabilisés - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Dans un contexte d’afflux croissant de personnes migrantes primo arrivantes (MPA), l’année 2018 a été marquée par la grande précarité d’une partie importante de cette population (vie en squats ou dans la rue), donnant lieu à un état d’alerte sanitaire. L’objectif de cette étude est de décrire l’impact de cette situation sur l’activité de dépistage de la tuberculose maladie (TM) ainsi que les caractéristiques des cas diagnostiqués.
Matériels et méthodes |
Étude descriptive rétrospective du dépistage systématique des TM dans la population cible de MPA par un centre de lutte anti-tuberculeuse (CLAT) en 2018 et comparaison des caractéristiques de ces TM par rapport à l’année 2014.
Résultats |
En 2018, le CLAT a réalisé 1570 dépistages radiologiques parmi les MPA (vs 397 en 2014), dont 494 (31,5 %) chez des mineurs non accompagnés (MNA). Il n’a pas été possible d’organiser un dépistage systématique des MPA non hébergés (n≈1000). Parmi les dépistés, 212 (13,5 %) ont complété le bilan au CLAT du fait de symptômes et/ou anomalies radiologiques, avec diagnostic de 25 TM (1,6 % des dépistés) et un taux de perdu de vue en cours de bilan de 7,1 % (n=15).
La part des TM diagnostiquées chez les MPA représente 46 % des cas déclarés en 2018 (51/112), vs 19 % (18/93) en 2014, et dont 49 % via un dépistage systématique (25/51). Parmi ces 51 cas, 65 % (n=33) étaient symptomatiques et 45 % (n=23) étaient contagieux. Les patients provenaient d’Afrique pour 50/51 dont 35 % (n=18) de la Corne de l’Afrique (vs 2/3 d’Afrique de l’Ouest et Centrale et 1/3 d’Asie et d’Europe de l’Est en 2014) ; 84 % avaient un statut social temporaire : 13 MNA en attente d’évaluation, 28 demandeurs d’asile et 2 irréguliers (vs 44 % en 2014) ; 49 % (n=25) étaient hébergés via des dispositifs collectifs temporaires et 28 % (n=14) étaient sans hébergement (61 % avaient un logement privé en 2014). La durée moyenne de séjour hospitalier en 2018 était de 23 j pour les 48 cas hospitalisés (32 j pour les MPA SDF dont 8/14 sont sortis sans solution d’hébergement immédiate). Plus d’1/3 des cas (n=19) a nécessité un recours à un interprétariat arabophone.
La plupart des traitements ont été menés à leur terme grâce à l’implication du CLAT dans le suivi et l’accompagnement médico-social. Le taux de perdu de vue sous traitement est estimé à 4 % (n=2).
Conclusion |
Cette étude effectuée sur l’année 2018 souligne les difficultés à prendre en charge les populations migrantes précaires non stabilisées, tant sur l’organisation du dépistage systématique que sur la gestion des patients suspects. La situation sanitaire et sociale de ces MPA a donné lieu à une réflexion coordonnée entre les institutions. Suite à la sollicitation du CLAT, des préconisations de dépistage systématique des MPA ont été mises en place localement pour 2019.
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Vol 49 - N° 4S
P. S45 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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